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Genèse saison 2, Genèse 11, 27 - 25, 18
A. Wénin, Abraham ou l’apprentissage du dépouillement
Feuille de route n° 8 4 juin - 27 juin 2024 Conclusion p. 373-380


Chers amis,
Voici quelques éléments pour un bilan de chaque groupe au terme du chemin parcouru depuis 9 mois. 
Wénin nous y invite dans sa conclusion, qu’il vous reste à lire (p. 373-380), peut-être en lien avec les pages d’Introduction (p. 7 à 12) à relire.


Les deux tournent autour de la même question : qu’est-ce qui fait l’unité de cette histoire d’Abram/Abraham, une série d’épisodes un peu décousus ayant pour héros le même personnage ?
 Wénin reprend les grandes thématiques traversées, pour conclure que c’est la relation d’Abraham au SEIGNEUR qui s’est transformée au cours de ses pérégrinations. Il souligne d’abord « l’incessante interaction entre le SEIGNEUR et Abraham », qu’il appelle « une lente pédagogie divine » ; il relève d’une part les événements dans lesquels Dieu précède et accompagne Abraham, mais aussi le fait que dans certains cas, Abraham a l’initiative et agit de son propre chef. Il y a aussi des cas (nombreux) où Dieu intervient pour tirer Abraham du pétrin où il s’est fourré. Enfin, si après avoir sauvé Isaac au chapitre 22, Dieu laisse Abraham mener ses affaires, il réintervient tout de même en coulisses pour faciliter le mariage d’Isaac avec Rébecca. 
Wénin nous conduit alors à reprendre le récit en fonction de sa propre thèse : Abram/ Abraham apprend lentement le « dépouillement » (« la trame du récit et le projet divin »). De la séparation d’avec son père, au renoncement à une paternité d’emprise, Dieu le conduirait, de renoncement en renoncement à soi-même, vers « la plénitude de la dépossession radicale ». C’est très beau, et cette lecture correspond à une vraie dynamique du texte selon le titre, Abraham ou l’apprentissage du dépouillement. 

J’avoue pourtant que je suis un peu perplexe. Je sens davantage dans le texte les tiraillements à l’oeuvre, entre Abraham l’ancêtre qu’on voudrait parfait et qui transmet à sa descendance le projet de bénédiction de Dieu pour tous les clans de la terre, et Abraham l’homme aux prises avec les obstacles et turbulences d’une existence humaine : la peur de l’étranger plus puissant, la stérilité, la nécessaire négociation avec les proches, le partage des terres, et l’image de Dieu qu’il ne cesse de se faire, et qui va nécessairement bouger. Avec des fulgurances : Abraham part, il laisse Loth choisir ses terres, il le défend contre les rois ennemis, il est béni par Melchisédek, il se dresse devant Dieu pour tenter de sauver Sodome… Et des moments de lâcheté à l’extérieur (en Egypte, chez Abimélek), comme à l’intérieur (en face d’Agar et Sara), et même de représentation idolâtre et archaïque d’un dieu qui veut la mort du fils…
 Y a-t-il un progrès ? Oui, celui des étapes de la vie passées une à une… Faut-il y voir une marche vers l’ancêtre idéal et idéalisé ? 
Je me demande si le projet des auteurs bibliques n’est pas plus modeste : le patriarche est un homme mélangé comme chacun de nous, dont la vie est traversée par l’appel de Dieu, qu’il tente tant bien que mal d’écouter et de déchiffrer. Et ce sont les figures de ce Dieu qui appelle pour bénir qu’il nous faut avec Abraham démêler et purifier sans cesse …


 A vous de faire ce travail de bilan et de tirer vos propres conclusions de cette double lecture, du texte biblique et de son courageux commentateur André Wénin. Rassemblez vos questions : n’hésitez pas à les partager sur le forum, et à me les envoyer directement (adresse mail ci-dessous) : nous en débattrons ensemble lors de notre rencontre Zoom du jeudi 27 juin à 19h (une heure et quart). 

roselyne.dupont-roc@orange.fr

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