Lors de notre échange sur le ch.7, plusieurs membres du groupe grenoblois ont retenu le propos de Tillich (DM p.214) qui parle du « courage d’être », c’est-à-dire « d’accepter d’être accepté par Dieu, en dépit du fait que l’on se sente inacceptable » et ont vu là l’explication du fait que nous sommes tous délivrés de la culpabilité ? Pourriez-vous éclairer cette idée de culpabilité et expliquer comment Jésus-Messie vient nous en délivrer ?
Y a-t-il un lien direct avec le fait d’être « délivré de l’astreinte de se faire valoir devant Dieu » (p.225) ?
Créé par : Claude Laval
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La formule très protestante…
La formule très protestante de Tillich, dans son magnifique livre sur le « courage d’être » est puissante en ce sens qu’elle affirme l’initiative absolue de Dieu dans le processus de réconciliation et le caractère inconditionnel de cette réconciliation : Dieu nous accepte tels que nous sommes, sans nous demander l’impossible. Elle permet peut-être de guérir ou de soulager notre sentiment de culpabilité, mais elle n’est pas d’abord écrite pour cela. Plutôt pour répondre à l’angoisse existentielle de l’être humain qui se sait impuissant à lutter contre les forces du mal et à tenir dans la foi et l’espérance. Alors DIeu le relève, quel que soit son « sentiment » sur lui-même, la question ne se posant même plus !
Certainement la découverte de Luther, la justification par pure grâce, a été favorisée par le sentiment aigu de culpabilité qui l’habitait. Mais Paul ne parle pas en termes de culpabilité, et je me demande s’il ne faut pas d’abord mettre en cause un enseignement constant de l’Eglise qui a insisté indûment sur le péché inscrit dans l’être humain, avec les développements anselmiens sur l’honneur de Dieu à rétablir, la dette à rendre, puis sur le fait que chacun par ses péchés fait « souffrir » le Christ en croix !!!
Non, Paul évoque en Romains 7 le sentiment aigu d’enfermement dans le péché, d’incapacité à ne pas céder au mal, nous le lirons, mais il l’évoque justement comme l’état dont le chrétien sait qu’il est sorti ou dont il sait que Dieu peut et veut toujours l’en sortir.
La culpabilité est plutôt une question de psychisme malheureux, favorisé sinon créé par des siècles d’éducation religieuse. A soigner.
Plutôt que de remâcher une culpabilité morbide, Paul nous invite à considérer combien le don de Dieu, le Christ, si nous acceptons d’entrer dans sa démarche, nous ouvre la possibilité d’échapper à l’emprise du mal, en nous sachant toujours pardonné lorsque nous sommes repris…
A condition de rester fondés dans la foi et l’espérance et de ne pas déserter le combat !