Paul met en avant la foi seule pour obtenir le salut que Dieu veut donner gratuitement et sans conte-partie - sous la forme de l’observance de la Loi (p.214-218) ; mais il reconnaît, plus discrètement certes, la nécessité de se repentir (Rm 2,4), et de convertir sa vie, c’est-à-dire de la transformer selon le commandement d’amour qui récapitule la loi (Ga 5,14) et finalement l’importance des œuvres, qui concrétisent la foi dans une pratique éthique (p.224-225) car le croyant sera jugé en fonction de ses œuvres (Rm 2,5-6.16 ; 14,12 ; 2Co 5,10). Quelle est donc la nouveauté du concept paulinien de grâce inconditionnelle et de pardon des péchés obtenu par la croix ?
Créé par : Claude Laval
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Vous touchez ici, je crois,…
Vous touchez ici, je crois, un point précis qui nous rapproche et nous sépare du judaïsme.
Alors que nos frères juifs considèrent que l’observance de la Loi nous est demandée comme participation à l’alliance et à l’œuvre de salut de Dieu (synergie), le chrétien selon Paul croit que ce salut lui est gratuitement donné par le Christ qui a accompli le travail de nous remettre dans le lien de l’alliance, de nous réajuster à Dieu.
Or, cela même ne peut se produire que dans la foi qui nous « conforme » au Christ, et qui donc nous « transforme ».
Croire que le Christ a fait le travail pour nous, c’est entrer dans sa propre démarche de don de soi jusqu’au bout. Le pardon et le don ne sont pas des affirmations ou des rites extérieurs, ce sont des affirmations de foi qui nous travaillent et nous transforment au cours du temps.
Nous transforme le fait même de nous savoir aimés, accompagnés et jamais abandonnés, toujours relevés, et d’entrer dans l’action de grâce (eucharistie) qui investit et modèle nos vies !
Et c’est alors que se déploie la pratique éthique exigeante pour le croyant.
Seulement cette pratique n’est pas réglée par une Loi aux commandements listables, elle est réglée par la Loi de l’amour qui est ce que Jésus a vécu et mis en œuvre ; cela implique donc une conduite à inventer en discernant quotidiennement comment aimer mieux et plus, sans jamais s’en satisfaire, mais sans jamais non plus croire qu’il faut (ou que nous pouvons) « satisfaire » Dieu. Cela n’a pas de sens.
Et donc sans jamais penser que cela nous « vaut » un pardon ou un salut aux yeux de Dieu. Car ce pardon et ce salut sont déjà donnés, déjà acquis en Christ.
En être persuadé, le croire, c’est jeter sa vie dans celle du Christ, et se laisser conformer et transformer par l’Evangile.