L’œcuménisme, c’est-à-dire le souci de l’unité qui est la vocation particulière de cette semaine, dérive de la structure personnelle de Jésus-Christ. C’est parce que Jésus-Christ est ce qu’il est, parce qu’il est le second Adam, parce qu’il embrasse toute l’humanité, parce qu’il est intérieur à chacun de nous, que nous avons la charge ou que nous sommes appelés en tout cas à porter la charge de l’unité. La meilleure preuve d’ailleurs que l’œcuménisme dérive de la structure personnelle de Jésus-Christ, c’est qu’en fait Jésus-Christ est entré dans l’Histoire en forme d’Église. Au soir du Vendredi Saint, tout est consommé sur le plan de l’Histoire visible ou, si l’on peut dire, sur le plan de l’Histoire officielle. Jésus revit sous forme d’une communauté qui embrasse tous les hommes Tout est arrêté, l’affaire est close. Ils se sont débarrassés définitivement de cet ennemi, de ce gêneur qui repose dans son tombeau. On n’entendra plus parler de lui. Et pourtant il va resurgir plus vivant que jamais, non pas dans une apparition sensationnelle, non pas en confondant les autorités avec sa survie, en leur montrant qu’il est bien là vivant, qu’ils ont manqué leur coup. Nullement ! Jésus va revivre, resurgir, prendre possession de l’Histoire en forme d’Église, c’est-à-dire dans une communauté universelle, dans une communauté œcuménique, dans une communauté dont, en droit, font partie tous les hommes. Ce n’est pas un « geste » que l’avènement du Christ dans l’Histoire. Il revit sous forme d’une communauté qui embrasse tous les hommes. C’est dire précisément qu’il est impossible d’adhérer à Jésus-Christ sans prendre en charge toute l’humanité et tout l’univers. Et cette présence du Christ à l’Histoire en forme de communauté universelle nous est d’autant plus sensible qu’elle a été exprimée par le plus juif des Juifs : Saul, devenu saint Paul, le plus hostile, le plus opposé, le plus passionnément ennemi de la communauté de l’Église naissante. C’est lui qui précisément sera retourné de fond en comble, qui sera entièrement transformé en membre du Christ en forme d’Église : « Je suis Jésus que tu persécutes » (Ac 9, 5). Et précisément cet homme qui voulait détruire la communauté naissante comme l’image de la Synagogue, deviendra le plus grand apôtre des nations, l’homme le plus passionnément adonné à une mission qui concerne tous les hommes sans exception, l’homme qui s’acharnera avec un amour inépuisable à faire tomber tous les murs de séparation.
L’œcuménisme, c’est-à-dire le souci de l’unité
Maurice Zundel