Christoph THEOBALD, Un nouveau concile qui ne dit pas son nom ?
Salvator, Nouvelle édition, mars 2024, 160 p., 18 €,90
Christoph Theobald, jésuite, est membre de la commission théologique de l’Assemblée générale de la récente session du Synode des évêques. Il a participé aux travaux préparatoires et à la rédaction du document Instrumentum laboris. En octobre 2023, il a fait paraître Un nouveau concile qui ne dit pas son nom ? Une seconde édition, parue très tôt, dès mars 2024, insère un nouveau chapitre, l’actuel chapitre 5, pour rendre compte de la première session du synode à travers quelques exemples privilégiés.
« Synode », l’auteur se réfère à l’étymologie, le préfixe grec ‘sun’, avec, ensemble, et le nom ‘odos’, la route. Un premier chapitre renvoie à l’Écriture et aux images nombreuses de la route et du chemin. De la mission aussi, confiée à plusieurs envoyés. Le chapitre 2, essentiel, renvoie à la constitution dogmatique du concile Vatican II sur l’Église (1964), Lumen Gentium (Lumière des nations). Ce texte présente l’Église dans une perspective théologique, en son lien avec le Christ. Avant d’aborder la structure hiérarchique et institutionnelle, la constitution introduit le Peuple de Dieu, peuple qui possède le sensus fidei, le sens de la foi, et, par le baptême, le sacerdoce commun des baptisés. Christoph Theobald montre la filiation de nombreux textes récents du magistère avec ce grand texte de référence. Les autres chapitres traitent des remontées nationales et continentales, avec les desiderata et les questions soulevées. On y relève des constantes mais aussi des particularités dans l’expression selon les continents. Ainsi l‘Afrique évite de reprendre l’image de la tente, trop liée aux déplacements de populations, et lui préfère le terme de famille. L’Eglise est désormais une Eglise ‘polyédrique’ - composée de plusieurs polyèdres - selon l’expression du Pape François. La différenciation géographique et culturelle est reconnue nécessaire, le pouvoir romain assurant toutefois le lien de l’unité.
Pour la première fois dans l’histoire, au Synode des évêques, des laïcs siègent, des hommes et des femmes, avec droit de vote. Il n’y a pas seulement débat argumentatif au sein de l’assemblée mais, autour de tables rondes, capacité à écouter l’autre, à reformuler ce qui a été dit et compris. La réforme ne peut se passer de conversion ni de l’écoute collective de ce qu’inspire l’Esprit à l’Église. La méthode de travail adoptée pendant cette première session est appelée à devenir le processus habituel de délibération et de discernement dans la vie ecclésiale. Il ne faut cependant pas se cacher que le processus est lent, complexe, qu’il y a des résistances et que le synode a des adversaires résolus. Et la structure hiérarchique, pyramidale, demeure, le pape ayant le dernier mot sur les sujets à l’ordre du jour.
Le livre est foisonnant. Le lecteur ne doit pas se décourager devant la richesse de son contenu. Les chapitres, ayant une certaine autonomie, même si l’on trouve des échos entre eux, peuvent se lire selon un ordre non linéaire. C’est un ouvrage de fond à relire et à garder dans sa bibliothèque, en attendant la seconde session d’octobre 2024. Chaque lecteur est invité à l’espérance.
On lira avec profit la longue recension rédigée par René Poujol et publiée sur son blog
https://www.renepoujol.fr/vatican-la-revolution-culturelle-selon-francois/