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Le livre du mois : octobre 2025

Dieu sans confession

Pour une lecture non sexiste et non religieuse de la Bible
Recension : Daniel Gufflet - au nom du Comité de lecture
Parution

Geneviève Decrop – Dieu sans confession
Vérone Éditions – octobre 2024 – 294 p. – 23€

Derrière ce titre énigmatique se cache un ouvrage audacieux et stimulant. Geneviève Decrop n’est pas bibliste mais chercheuse en sciences humaines et sociales. Elle partage ses réflexions et ses enthousiasmes après une lecture originale de plusieurs épisodes importants du Premier Testament. Le lecteur devra mettre de côté les interprétations les plus classiques qui lui ont encore été enseignées dans les dernières décennies.

Le livre commence par une analyse très précise des deux récits de la création, analyse qui met à mal la doctrine traditionnelle du péché originel. Si on continue à parler de péché originel, la faute pourrait éventuellement être attribuée à Caïn mais sûrement pas à Eve ! Le second chapitre est entièrement consacré à Abraham. Pour cet homme courageux, l’important est probablement l’entente entre les hommes et non la propriété de la terre. L’autrice décrit Sarah debout aux côtés du patriarche, et confirme là l’orientation féministe de l’ouvrage ; elle n’hésite pas à attribuer à Sarah le titre de matriarche. Celle-ci, associée à Abraham, devient naturellement la mère, bénie de Dieu, des nations à venir. Les générations suivantes, Isaac et Rebecca, Jacob et Rachel, puis bien d’autres, confirmeront que l’histoire sainte passe toujours par un couple, un homme et une femme. Loin des traditions patriarcales, les figures bibliques de premier plan sont, le plus souvent, d’une part des cadets ou des benjamins, d’autre part des femmes, étrangères, stériles, mais toujours aimées.

La deuxième partie du livre se consacre à l’épopée des Hébreux qui quitteront l’Égypte pour atteindre la terre promise. En aucun cas, Moïse ne souhaitait tenir le rôle de guide, et pas davantage le rôle d’intermédiaire dans une relation tripartite (Ywh, Moïse et le peuple) où se mêlent naturel et surnaturel. L’Alliance aboutira à la Loi : elle fut une rupture radicale avec les mœurs de l’époque, devint une référence spirituelle et politique pour l’organisation de la société et finalement fut la matrice de l’état de droit, dont se réclament aujourd’hui les états démocratiques.

Les trois dernières parties s’éloignent des mythes antérieurs pour proposer une approche historique, voire sociologique. Elles observent et décrivent des catégories sociales supposées être, à un titre ou un autre, des élites en mesure de guider le peuple : les prophètes, les juges, les rois, et enfin, à nouveau, les femmes.

Un livre qui passionnera les lecteurs ouverts à des interprétations nouvelles.

Dieu sans confession