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Parution

Pierre de Charentenay, Tolérance zéro. Lutter contr la pédophilie dans l’Église
Éditions Salvator – août 2021 – 216 pages – 20€

Alors que la CEF vient de publier ses résolutions suite au rapport de la CIASE, il est urgent de lire Tolérance Zéro, du jésuite Pierre de Charentenay.

Le livre s’articule en deux parties, une première où l’auteur recense comment 11 pays ont réagi aux abus sexuels commis sur des mineurs au sein de l’Église (en Europe, en Amérique du Nord et Latine, en Australie), reprenant les faits, les étapes de la prise de conscience nationale, les réactions de l’Église et de la société. L’auteur, par un travail journalistique sérieux, a scruté le parcours de chaque institution ecclésiale ayant eu, de gré ou de force, à faire un travail de transparence sur les abus. Il regrette que le silence qui perdure par exemple en Italie ou en Espagne rende impossible cette étude.

La deuxième partie est encore plus enrichissante, car Pierre de Charentenay s’engage dans une analyse des facteurs communs ayant permis ces abus. L’auteur s’appuie sur les comparaisons entre pays pour donner des axes de lutte contre la pédocriminalité dans l’Église. Il retient trois grands axes : les situations d’emprise et leurs différentes justifications, la résistance de l’Église comme institution, enfin, le rôle moteur des personnes victimes organisées en associations et les relais qu’elles ont pu trouver dans la société (media) et dans l’Église où l’on rencontre aussi, heureusement, des personnes de bonne volonté cherchant à faire la vérité et la justice.

Le premier axe met au jour les attitudes spirituelles faussées qui permettent les abus (gnosticisme, cléricalisme, pélagianisme), décryptage utile pour analyser son propre parcours spirituel et repérer autour de soi les situations qui peuvent être à risque, utile également pour sortir d’une verticalité sacralisée de la relation entre clercs et laïcs en Église. Le deuxième axe fait ressortir que plus l’Église est puissante, liée au pouvoir, aux privilégiés dans un pays, plus un abuseur est charismatique, plus son œuvre semble porter de fruits apostoliques, plus les scandales sont étouffés. Il n’élude pas les questions qui peuvent fâcher, comme les rôles de Jean-Paul II, de Benoit XVI ou de François face aux abus. Le troisième axe donne des raisons d’espérer en montrant comment l’armure du silence peut être fendue.

Ce travail de synthèse et d’analyse complète et rejoint les conclusions du rapport de la CIASE : le sujet est mondial, l’Église de France est à un tournant de son histoire. Chaque chrétien informé et formé sera un nouveau rempart contre le développement de situations propices aux abus dans l’Église.

Marie Blandine Ferrer au nom du Comité de lecture

Tolérance zéro