Denis Moreau, Résurrections – Traverser les nuits de nos vies
Seuil – mars 2022 – 304 pages – 22€
Denis Moreau est professeur de philosophie à l’Université de Nantes. Il nous propose ici un livre en deux parties clairement distinctes : la première est une réflexion théologique sur la Résurrection de Jésus de Nazareth telle qu’elle nous apparaît au travers des Évangiles et de la tradition chrétienne qui les prolonge. La seconde est écrite en forme de témoignages et s’attache à mettre en valeur toutes les petites résurrections qui peuvent illuminer nos vies à l’issue de diverses épreuves. C’est elle qui justifie le pluriel du titre principal et éclaire le sens du sous-titre qui lui est adjoint.
L’auteur reconnait que rien, ni le tombeau vide, ni les témoignages de Marie-Madeleine, de Pierre et des autres disciples, ne prouvent définitivement la réalité de la résurrection du Christ. S’il en rappelle divers indices, il ne les considère pas comme définitivement concluants. Sa démarche est autre et relativement originale même s’il n’est sans doute pas le premier à avoir exploré le thème de la Résurrection à partir des effets que la foi en Celle-ci est susceptible de provoquer dans la vie de chacun de nous. Son attachement à la Résurrection résulte en quelque sorte de ses effets secondaires perceptibles dans nos existences chaotiques.
Six situations difficiles et leurs issues possibles sont examinées l’une après l’autre :
- Rester debout après la perte d’un être cher ;
- Surmonter la dépression qui m’accable ;
- Demander et accueillir le pardon de Dieu ;
- Pardonner à celui qui m’a profondément blessé ;
- Solliciter le pardon de celui que j’ai profondément blessé ;
- Sortir par le haut des maelströms conjugaux.
Mêlant habilement psychologie et foi, Denis Moreau développe sa conviction que la Foi en la Résurrection – insistance sur les majuscules – est susceptible de faire apparaître la lumière au bout du tunnel dans lequel chacun de nous s’est, à un moment ou un autre, enfermé. Dans ces situations de détresse, il faut croire ; c’est alors d’espérance dont il s’agit plus encore que de foi. Ici, les « fins dernières » ne sont pas le sujet du livre, qui ne s’intéresse qu’aux conséquences concrètes de la foi dans la vie présente, face aux difficultés que traverse bien souvent un être humain.
Un livre où l’auteur n’hésite pas à s’engager, écrivant volontiers à la première personne sur un ton qui reste familier et proche, même quand il évoque des situations très douloureuses.
On s’étonne de ne trouver, à côté de cet exposé didactique sur le bienfait que chacun peut retirer de sa foi en la résurrection, aucune mention du « bénéfice » que, depuis vingt siècles, l’humanité a retiré de la foi de milliards de chrétiens confessant la résurrection. Ce pourrait être l’objet d’un tout autre ouvrage. Peut-être serait-il écrit par un historien plutôt que par un philosophe ?
Daniel Gufflet, au nom du Comité de lecture