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Parution

Olivier Leborgne – Prière pour les temps présents
Seuil octobre 2023 128 pages 16€

Un titre plein de modestie qui reflète l’humilité d’un évêque. Sur la couverture, pas de Monseigneur, seulement un nom : Olivier Leborgne. Dès son arrivée à Arras, « pris en main » par un jésuite du Secours Catholique, il est parti à Calais rencontrer les migrants. Face au drame qu’il découvre, il invite chacun à partager sa relecture de l’Évangile et à sortir de la résignation. Les « réflexions au fil de l’eau » qui jalonnent son livre sont autant de pensées profondes à méditer et d’actions à entreprendre.   

 

Aujourd’hui comme hier, il est des silences coupables. La question migratoire rappelle la question juive. Olivier Leborgne cite à plusieurs reprises la lettre de Monseigneur Saliège le 23 août 1942 rappelant que « tout juif est une personne humaine ». Il n’y a d’autres choix que de faire une place aux migrants dans « la maison commune » dont parle le pape François.

Jésus n’a pas trouvé de place à sa naissance. Il s’est pris le mal en pleine figure, connaissant l’exclusion, la migration, la persécution. « Je suis venu pour une remise en question. » (Jean, 9, 39) « J’étais un étranger et vous m’avez accueilli. » À chacun de s’interroger : que ferait Jésus ici et maintenant à ma place ?

Tout homme m’est un frère, sinon ne reste que la loi du plus fort ! Derrière la question des migrants se cache la question de notre propre dignité. Certes, ils nous dérangent mais ils ne sont pas là par plaisir ; à Calais, beaucoup l’ont compris qui distribuent des repas ou aident à la recharge des portables. 

 

Il est bien question d’accueillir et non de tolérer : « La tolérance est une vertu molle qui humilie l’autre. » Cet autre est d’abord une personne humaine, il est pour nous une chance, la promesse d’un monde à construire ensemble. Refuser d’être dérangé c’est se résigner à l’inhumain. « Aimez-vous les uns les autres » est trop souvent compris comme « aimez-vous les uns les uns ». L’ensommeillement de nombreux catholiques contribue à l’inhumanité de notre temps !

Le seul réalisme, c’est de constater que les migrants sont là et qu’en aucun cas nous ne pouvons démissionner de la dignité humaine. Sur ce sujet, l’opinion publique n’est pas bonne conseillère : Olivier Leborgne rappelle que François Mitterand a eu le courage d’abolir la peine de mort alors qu’une majorité de Français y était opposée.

 

Nous avons la chance d’être nés français et nous n’y sommes pour rien, mais cette chance nous oblige. Elle appelle les privilégiés que nous sommes à la responsabilité et à un engagement résolu au service des migrants.

Olivier Leborgne nous invite à la prière mais aussi à l’action. Il y a pour chacun de quoi faire selon son charisme : agir comme bénévole sur le terrain au sein d’une des nombreuses associations humanitaires, participer au travail législatif et réglementaire, éclairer l’opinion autour de nous en pesant sur les médias. En tous les cas, ne pas accepter l’inacceptable. S’engager pour le respect de la dignité humaine c’est construire la Paix.

 

Danielle Mérian, au nom du Comité de lecture

Prière pour les temps présents