Monique Durand-Wood, Merveilleuse humanité de Marie
Éditions Salvator – septembre 2020 – 165 pages – 17 €
Voici un livre écrit comme un cœur à cœur, de femme à femme. Monique Durand-Wood, théologienne et longtemps aumônier en hôpital psychiatrique, propose une promenade en compagnie de la mère de Jésus.
La narratrice, Adèle, rend visite à des personnes en soins psychiatriques et à des sans-abri. Elle s’engage dans un dialogue où elle tutoie Marie, reprenant ce que les évangiles disent d’elle. L’auteure entraîne le lecteur dans sa méditation, toujours ouverte, comme une conversation entre elle et Marie.
La langue est facile, l’ouvrage assez court, le cheminement en neuf chapitres aisé à suivre. Une salutation à Marie, un refus des images sulpiciennes, quatre chapitres sur les récits évangéliques, apocryphes inclus, deux chapitres de perspectives historiques, un regard sur les formes de piété qu’on dit populaires, et un épilogue.
Ce « petit bout de chemin » permet de porter un regard neuf sur Marie. La démarche s’appuie sur une lecture attentive des évangiles : quelles sont les deux uniques paroles prononcées par Marie dans l’évangile de Jean ? Que signifient les figures féminines présentes dans la généalogie de Jésus qui ouvre l’évangile de Matthieu ? Quelques coups d’œil aussi vers les évangiles apocryphes qui présentent Marie comme le premier témoin de la résurrection. L’auteur explore d’autres thèses théologiques sur l’incarnation, la place des femmes parmi les disciples du Christ... Ces découvertes peuvent être parfois ébouriffantes, mais elles ont le grand mérite de dépoussiérer les images pieuses d’une femme effacée, mains jointes et tête penchée. Marie est décrite comme une mère, pas tout à fait comme les autres, qui rencontre les problèmes de tout le monde dans l’éducation d’un fils, qui décidemment n’est pas comme tous les fils.
À travers des échanges avec les patients d’hôpital psychiatrique ou les sans-abri, le livre déborde sur bien d’autres problèmes, actuels, qui rendent ce livre encore plus attachant. Un exemple de discours rapporté d’un patient de l’hôpital : « Vers quoi se tourner, vers qui ? Moi, ce n’est pas Dieu, ni Allah, ni Bouddha. Rien à leur dire. C’est la petite dame avec plein de bougies allumées devant elle, quand tu entres dans une église. Des fois, en chambre d’isolement, je me la représente. Elle est près de moi et j’ai envie de devenir meilleur. »
Rien de naïf, rien d’enfantin. On sort de cette lecture avec une amitié plus forte pour Marie. Ce compagnonnage ravivé donnera à chaque lecteur l’envie de devenir meilleur. Bon cheminement, bon mois de mai, et bonne lecture !
Marie Blandine Ferrer, au nom du Comité de lecture.