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Parution

Mireille Hadas-Lebel, Les Pharisiens dans les Évangiles et dans l’histoire
Éditions Albin Michel – février 2021 – 208 pages – 29,90€

Le livre de Mireille Hadas-Lebel paru chez Albin Michel il y a quelques mois est un modèle de clarté ; il offrira un vrai plaisir à son lecteur.

L'auteure est professeure d'histoire des religions à la Sorbonne et vice-présidente de l'Amitié judéo-chrétienne. Sans prétendre faire une « lecture juive" du Nouveau Testament, elle reprend l'historique des trois principaux courants du judaïsme au 1er siècle : pharisiens, sadducéens, esséniens. Elle rappelle au lecteur que les esséniens sont absents du Nouveau Testament mais que les pharisiens y tiennent une grande place. Influencés par les lectures dominicales des Évangiles, bon nombre de chrétiens ont une image négative des pharisiens. Pourtant les Actes des Apôtres qui « offrent un précieux témoignage sur les débuts de l'Église [...] reflètent une image largement positive des pharisiens [...]. Le sage Gamaliel, un pharisien docteur de la Loi, estimé de tout le peuple, intervient au sein du Sanhédrin en faveur des apôtres et fait prévaloir la modération ».

Le rôle des pharisiens dans l'histoire de la Judée – ainsi que les principaux aspects de la doctrine pharisienne au premier siècle – sont magistralement exposés dans la première partie du livre. Les pharisiens – comme Jésus – professent l'immortalité de l'âme. « La croyance en la résurrection implique que l'âme du défunt survit à sa mort physique. »

Dans son sixième chapitre, Mireille Hadas-Lebel aborde directement la question : « Jésus était-il pharisien ? » La réponse qu’elle propose est qu’il « fut très proche des pharisiens de son temps tout en les critiquant ». Les pharisiens eux-mêmes considèrent Jésus comme « un pharisien quelque peu dissident imprégné de mysticisme », « un rabbin énigmatique qui ne contrôle pas assez ses disciples ». 

La proximité entre Jésus et les pharisiens est donc réelle en ce qui concerne la doctrine. Elle l’est également en ce qui concerne les mœurs. La fréquentation sociale est attestée à plusieurs reprises dans les Évangiles. C'est ainsi que les imprécations de Matthieu (rédigées bien après la vie terrestre du Christ dans un contexte de fortes tensions entre communautés) doivent être relativisées.

Le lecteur ferait une erreur grave en faisant l’impasse sur l'annexe où sont brillamment résumées en trois pages la doctrine des sadducéens puis celle des pharisiens et en six pages les Évangiles synoptiques de Marc, Luc et Matthieu.

Mireille Hadas-Lebel revisite les textes avec brio et ouvre les yeux de ses lecteurs et lectrices sur une origine quasi certaine de l'antisémitisme. Heureusement, le concile Vatican II a remis les choses à l'endroit mais le malentendu, entretenu pendant deux millénaires, est encore loin d'avoir disparu.


Annie Jourdain, au nom du Comité de lecture

Les Pharisiens