Louis-Marie Chauvet – La Messe autrement dit. - Retour aux fondamentaux
Salvator – mai 2023 – 140 p. – 15,90€
Louis-Marie Chauvet, professeur émérite de théologie à l’Institut Catholique de Paris, est l’auteur de nombreux ouvrages de référence dont Symbole et Sacrement (Cerf 1987). « Le retour aux fondamentaux » que propose ici l’auteur pourrait aussi bien effaroucher certains lecteurs qu’attirer les nostalgiques des temps antéconciliaires, qui souhaitent le retour à une prétendue « vraie religion ». Dans les deux cas, ce serait une erreur.
Fort de sa compétence universitaire, riche d’une expérience pastorale en paroisse, l’auteur touche un large public, à travers une succession d’ouvrages aussi pertinents qu’accessibles et vivants.
Après Dieu, un détour inutile ? (Cerf 2020) et Drôlement Dieu ! (Cerf 2022), voici à nouveau Louis-Marie Chauvet, avec un livre court, vif et alerte autant que paradoxal.
Il ramène son lecteur à l’essentiel de la liturgie eucharistique. En même temps, il s’adresse à celui qui la découvre, reconnaissant d’entrée de jeu : « On n’a pas le choix : ça mute ! »
Il s’agit pour lui de donner à goûter au sens profond de la messe, avant même de chercher à ramener les foules à l’église. Défi courageux, provocant mais nullement provocateur, tout simplement pour « approprier notre liturgie catholique à l’actuelle culture ». Avec l’audace d’innover, non pour satisfaire des envies de nouveautés que pour une nouvelle inculturation de l’Évangile. Ainsi, parler du « sacré » ne l’effraie pas, à condition de le mettre à sa juste place et sans en faire une fin en soi. En le ré-évangélisant au service de la sanctification.
L’auteur donne toute leur place aux deux temps majeurs de la liturgie, celui de la Parole puis de l’Eucharistie ; il ne néglige pas pour autant l’introduction ni la conclusion. Avec un vrai rite d’ouverture et de rassemblement par la création d’un « nous ». Non pas celui d’un simple collectif, mais l’expression d’une partie de l’Église entière, qui n’est pas limitée à un temps ni à un lieu
Maints exemples dans l’art de Louis-Marie Chauvet de démonter les fausses évidences, sans recherche du sensationnel. Il laissera peut-être sur leur faim certains lecteurs, poussés par des envies de nouveautés. Mais son propos n’est pas tant de prétendre inventer que de pointer ce qui est déjà là, comme sous nos yeux, à portée de main. Et de le faire pleinement goûter, dans sa vérité et sa profondeur. Concluant sur le rite d’envoi final avec la formule : « La messe, ça commence quand ça finit ! » Traduction éloquente de l’envoi en mission par le traditionnel « Ite, missa est ».