Parution
Laurent Gagnebin – La liberté de la foi
Van Dieren éditions – septembre 2024 –60 p. – 9€
Laurent Gagnebin, qui a été pasteur de l’Église réformée de France et professeur de théologie pratique et d’apologétique, a fait paraître aux éditions Van Dieren un petit livre, La liberté de la foi.
Pour beaucoup de nos contemporains, ces deux termes sont absolument antinomiques. Croire, ce serait donner son adhésion à des vérités ou des assertions bien définies et s’y référer, voire s’y soumettre. Or, pour l’auteur, comme c’était le cas pour Luther, croire est un acte libre. On croit en Dieu, en Jésus-Christ, ce qui suppose une relation, un engagement existentiel, avant de croire des vérités révélées, qui se sont exprimées, de toute façon, selon des modalités historiquement et culturellement situées. Le croyant ne reçoit pas passivement des dogmes élaborés par des autorités religieuses, ce n’est pas ce qui fait le cœur de sa foi. Par rapport à la réception d’une Tradition, le protestantisme accorde la prééminence à la lecture régulière de la Bible. Depuis le XVIIIe siècle, l’esprit de libre examen s’est développé – on peut penser à Jean-Jacques Rousseau et à la Lettre à Christophe de Beaumont – et la lecture historico-critique des textes a permis de joindre la foi à un certain rationalisme qui s’opposait à une lecture littérale et donnait des outils pour une autre lecture.
Certes, la foi est une grâce, un don de Dieu, sans nul mérite humain. Mais la foi est une réponse libre et active de l’homme, qui s’engage dans un désir de croire, dans un désir de mener une vie en cohérence avec ce qu’il croit – et la foi n’exclut pas le doute, c’est un doute dépassé. Le croyant est orienté vers une visée. Le Dieu des chrétiens, à la différence du Dieu des philosophes, cause première et explication de l’origine, est un Dieu qui nous tourne vers l’avenir. Il est le Dieu de la Bible, qui se manifeste à son Peuple dans une histoire, une histoire qui se poursuit aujourd’hui.
Le livre est court – une soixantaine de pages. Mais il est dense et clair, s’appuie sur des citations de philosophes ou de penseurs, parfois contemporains, ce qui lui donne la profondeur d’un arrière-plan, à la fois temporel et intellectuel. Il répond bien au désir de l’éditeur, dans cette collection « Braises », de donner des textes concrets et accessibles, au croisement du théologique et du social, en réponse aux questions existentielles des lecteurs. Un catholique modulerait sans doute différemment certaines assertions, mais ce livre l’invite, lui aussi, à s’engager sur le chemin de la responsabilité et des choix.
