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Parution

Cardinal Joseph De Kesel, Foi et Religion dans une société moderne
Éditions Salvator – mai 2021 – 140 pages – 14€

L’archevêque de Malines-Bruxelles est un homme mesuré et ouvert, dans la ligne du pape François. Son livre vient fort à propos pour éclairer le débat entre les nostalgiques de la chrétienté et ceux qui aspirent à voir la religion catholique prendre en compte les évolutions de la société.

Dans une première partie, l’auteur fait état du changement de situation : nous ne sommes plus dans une société de culture chrétienne, qui a été celle de l’Occident pendant des siècles et où la religion était une clé de voûte culturelle et sociale. Nous sommes maintenant dans une société de culture sécularisée : les chrétiens ne font plus la loi, ils ne doivent pas non plus l’imposer. « Rien d’étonnant à ce que la liberté soit au cœur de cette nouvelle culture. » L’Église doit vivre dans cette société sécularisée et s’y intégrer (ce qui ne signifie pas s’y conformer). Le concile Vatican II a pris en compte ce changement. La sécularisation conforte la liberté religieuse mais elle ne doit pas non plus devenir une idéologie qui éliminerait toute pertinence sociétale des convictions religieuses. On ne peut pas neutraliser la religion en la réduisant à la sphère privée ; « l’Évangile est source d’humanité ».

Dans une deuxième partie, le cardinal donne un éclairage théologique en commençant par observer les relations de Dieu avec l’humanité dans la grande histoire biblique. L’Église reste signe de salut pour le monde et missionnaire, ce qui ne veut pas dire rassembler toute la société sous son aile, mais être un lieu où l’amour est partagé, à l’exemple des moines de Tibhirine.

Le livre se termine par un chapitre très bref qui propose quatre pistes pour l’Église de demain. Elle sera plus humble, douce et miséricordieuse, acceptant positivement de ne plus avoir la même place prépondérante dans la société. Elle sera plus petite, ne rassemblant plus une majorité de la population mais accueillante à tous ceux qui lui restent attachés, chacun à sa manière. Elle sera plus confessante, sans peur d’afficher son identité, s’adaptant aux évolutions mais résistant à la tentation de la pensée unique. Elle sera enfin sans peur, solidaire de son temps, ouverte au monde et à tous ceux qui cherchent.

Ce livre accessible et courageux, dans la ligne du pape François, éclaire bien le lecteur sur la différence entre la religion et la foi. Il devrait provoquer pour chacun une réflexion sur la façon nouvelle de vivre sa foi dans une société sécularisée.
 

Monique Hébrard au nom du Comité de Lecture

Foi et Religion dans une société moderne