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Parution

Jean-Marc Aveline – Dieu a tant aimé le monde – Petite théologie de la mission
Éditions du Cerf – Septembre 2023 – 156 p. – 15€

Ce petit livre permet de faire connaissance avec la pensée de Jean-Marc Aveline, créé cardinal en 2022 ; il a reçu le pape François à Marseille en 2023 et, récemment, a été l’invité d’honneur du Centre Sèvres – Facultés jésuites de Paris, à l’occasion de leur cinquantième anniversaire.

Dans le prologue de l’ouvrage, le cardinal présente son parcours, son enfance en Algérie, le retour précipité en France, l’expérience de la pauvreté, l’enracinement à Marseille. Cette vie marquée par l’ouverture, au carrefour de plusieurs cultures, de plusieurs religions, nourrit sa réflexion théologique.

Ce que Jean-Marc Aveline dit de la mission est situé dans son expérience. La mission consiste à dispenser, fondamentalement, un message d’amour : Dieu a tant aimé le monde, Dieu trinitaire, Père, Fils, Saint Esprit. Sa réflexion se développe en trois prises de conscience.

La première consiste à comprendre que la mission est à vivre dans l’attitude spirituelle du dialogue. L’Esprit n’est pas assigné à résidence dans le cadre de l’institution ecclésiale. Il nous incombe de vivre l’Évangile de telle sorte que les autres aient envie de découvrir ce qui nous fait vivre. Le dialogue est le lieu de la révélation : « On découvre Dieu dans la rencontre qu’il suscite. »[1]

La deuxième prise de conscience consiste à approfondir la relation entre la foi chrétienne et la foi juive, chacun comprenant sa vocation en acceptant de l’avoir reçue sans exclusive, mais bien pour la mettre en partage. La mission de l’Église, envisagée à l’horizon de la promesse de Dieu pour l’humanité, la décentre d’elle-même.

L’Esprit Saint poursuit dans le monde, et pas seulement dans l’Église, son œuvre de sanctification en vue de la récapitulation de toutes choses dans le Christ. C’est le sens de la troisième prise de conscience, qui envisage la mission dans la dynamique de la catholicité. Il s’agit de travailler à l’unité à l’intérieur de l’Église – chaque culture exprimant la Révélation selon son génie propre – et de développer en même temps la fraternité avec toute l’humanité.

Le livre est de lecture facile, on acquiesce volontiers aux idées avancées. Elles sont énoncées successivement plus qu’articulées selon un exposé doctrinal. On retiendra l’appel au décentrement, on ressortira de la lecture réconforté, heureux que cette belle figure de cardinal fasse entendre sa voix dans l’Église de France.

 

[1] Michel de Certeau, La conversion du missionnaire, Christus 1963, p. 515-516, cité par l’auteur.

Dieu a tant aimé le monde