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Parution

Floriane Chinsky, Kahina Bahloul, Emmanuelle Seyboldt, Des femmes et des dieux
Éditions Les Arènes – octobre 2021 – 243 pages – 19,90 €.

Invitées à parler de leurs traditions religieuses respectives par la radio Beur FM, trois femmes – rabbin, imame et pasteur – nouent des liens d’amitié à partir de leur rencontre. Elles se retrouvent, échangent entre elles jusqu’au jour où l’éditeur Jean-Baptiste Bourrat leur propose d’écrire un livre. En une semaine, à l’abri du monde, elles échangent et partagent leurs expériences, leurs traditions et leurs croyances.

Le livre se compose d’un prologue, du contenu de sept journées – reprise symbolique du mythe de la création – et d’un épilogue. Il comporte un glossaire bien utile pour la compréhension de certains termes, hébreux ou arabes.

Tout commence par l’évocation que fait chacune de son parcours depuis l’enfance, du lien à la religion et de l’engagement dans un ministère. Le Jour 2 rappelle que les trois monothéismes ont été marqués par une structure patriarcale. Comment concevoir un ministère pour les femmes, dans ces conditions historiques ? Ces trois femmes mènent un combat semblable, au-delà des différences. Le contenu du Jour 3 est plus connu, il s’agit des principaux piliers de chaque religion. Les jours 4 et 5 abordent la question de la place des femmes et de la place du corps des femmes dans l’espace public ; chacune se demande pourquoi, malgré les très belles figures féminines de la Bible et du Coran, inspirantes, les femmes ont été et sont encore mises de côté.

Ensuite est traitée, pour le sixième jour, la nécessité de l’approche historico-critique dans l’étude des textes, pour les trois confessions. C’est un point essentiel, encore trop peu développé dans l’Islam, comme le constate Kahina Bahloul. Son analyse fait réfléchir à ce qui s’est sédimenté dans les traditions et les interprétations au cours des siècles, dans des contextes qui ne sont plus les nôtres : « Elles sont devenues hermétiques… personne ne s’autorisant à [les] percer pour retourner à la source. »

Le Jour 7 aborde la question du sacré. Dans la tradition juive, le sacré, le séparé, caractérise la divinité. C’est une notion à la base du monothéisme. Cependant le protestantisme a voulu prendre ses distances par rapport au sacré et lui préfère « le saint », tout ce qui est en lien avec Dieu. Et, dans l’islam, le sacré est lié au respect de la création. Ce chapitre permet de montrer combien il est important de définir les mots et de les expliciter, à l’aide d’une tradition.

Ce livre est bien structuré, facile à lire. Il est très instructif de confronter les trois traditions à partir de questions contemporaines, cruciales. Les points de vue, convergents ou divergents, sont exposés sans complaisance mais avec une aménité certaine. Pour finir, ce livre, très accessible, témoigne de la possibilité d’un dialogue interreligieux dans un esprit d’ouverture.
 

Marie-Hélène Bouvier-Colle au nom du comité de lecture

Des femmes et des dieux

Invitées à parler de leurs traditions religieuses respectives par la radio Beur FM, trois femmes – rabbin, imame et pasteur – nouent des liens d’amitié à partir de leur rencontre. Elles se retrouvent, échangent entre elles jusqu’au jour où l’éditeur Jean-Baptiste Bourrat leur propose d’écrire un livre. En une semaine, à l’abri du monde, elles échangent et partagent leurs expériences, leurs traditions et leurs croyances.

Le livre se compose d’un prologue, du contenu de sept journées – reprise symbolique du mythe de la création – et d’un épilogue. Il comporte un glossaire bien utile pour la compréhension de certains termes, hébreux ou arabes.

Tout commence par l’évocation que fait chacune de son parcours depuis l’enfance, du lien à la religion et de l’engagement dans un ministère. Le Jour 2 rappelle que les trois monothéismes ont été marqués par une structure patriarcale. Comment concevoir un ministère pour les femmes, dans ces conditions historiques ? Ces trois femmes mènent un combat semblable, au-delà des différences. Le contenu du Jour 3 est plus connu, il s’agit des principaux piliers de chaque religion. Les jours 4 et 5 abordent la question de la place des femmes et de la place du corps des femmes dans l’espace public ; chacune se demande pourquoi, malgré les très belles figures féminines de la Bible et du Coran, inspirantes, les femmes ont été et sont encore mises de côté.

Ensuite est traitée, pour le sixième jour, la nécessité de l’approche historico-critique dans l’étude des textes, pour les trois confessions. C’est un point essentiel, encore trop peu développé dans l’Islam, comme le constate Kahina Bahloul. Son analyse fait réfléchir à ce qui s’est sédimenté dans les traditions et les interprétations au cours des siècles, dans des contextes qui ne sont plus les nôtres : « Elles sont devenues hermétiques… personne ne s’autorisant à [les] percer pour retourner à la source. »

Le Jour 7 aborde la question du sacré. Dans la tradition juive, le sacré, le séparé, caractérise la divinité. C’est une notion à la base du monothéisme. Cependant le protestantisme a voulu prendre ses distances par rapport au sacré et lui préfère « le saint », tout ce qui est en lien avec Dieu. Et, dans l’islam, le sacré est lié au respect de la création. Ce chapitre permet de montrer combien il est important de définir les mots et de les expliciter, à l’aide d’une tradition.

Ce livre est bien structuré, facile à lire. Il est très instructif de confronter les trois traditions à partir de questions contemporaines, cruciales. Les points de vue, convergents ou divergents, sont exposés sans complaisance mais avec une aménité certaine. Pour finir, ce livre, très accessible, témoigne de la possibilité d’un dialogue interreligieux dans un esprit d’ouverture.
 

Marie-Hélène Bouvier-Colle au nom du comité de lecture