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Parution

Yves-Marie Blanchard Contre le cléricalisme, retour à l’Évangile
Salvator
mars 2022 175 pages 16 €

Revenant aux textes fondateurs, ce livre apporte une bouffée d'oxygène !

Si le cléricalisme est un mal pour l’Église, comment le combattre mieux qu’avec les armes de l’Évangile ? Le théologien du diocèse de Poitiers s’y emploie, dans un ouvrage simple et profond.

Le langage des évangiles et des lettres de Paul est d’abord celui de la fraternité. « Ne dites à personne père » (Mt 23, 9) car Jésus lui-même a refusé le titre de « rabbi », et le pouvoir pharisaïque qui pouvait en découler. Les propos de Paul, dans ses treize épîtres, confirment cette « horizontalité » des rapports entre frères.

Les Douze sont apôtres certes, mais les apôtres sont beaucoup plus que douze ! Cette confusion « favorise une forme de cléricalisation des ministres ordonnés… considérés comme successeurs des Douze ». Jésus distingue les Douze, les apôtres et les disciples (Mc. 3, 13-19).

En collant au texte grec, l’auteur traque les mots qui reflètent les mœurs ou les idéologies des traducteurs. Ainsi Phoebe (Rm 16, 7), présidente et ministre (diakonos) de l’Église de Cenchrées a souvent été réduite à trésorière et protectrice ! D’ailleurs, en affirmant qu’« il n’y a pas masculin et féminin » (Ga 3, 28), Paul inscrit « ces deux pôles de l’humanité » dans l’unique filiation du Christ, sans aucune concurrence ni supériorité.

Tout apôtre, y compris le plus grand, doit se faire petit (Lc 9, 48) et se détacher des préoccupations de lui-même.

L’auteur écrit un très beau chapitre sur ce que dit Jésus de lui-même : il est le berger, puis la porte. Les brebis sont bien celles de Jésus, elles ne sont que confiées au berger ! Ce rôle de berger peut certes se transmettre en Église depuis qu’il a été confié à Pierre. Mais seul Jésus EST la porte. Et le berger sera le premier à passer par la porte. Si le berger peut servir de modèle au prêtre, ce ne sera jamais pour un rôle d’autorité, mais pour un engagement au service dans une relation forte avec chacune des brebis.

En conclusion l’auteur évoque la synodalité : il reprend ces traits qui dessineront une Église au visage d’Évangile. Cela commence par une dynamique de conversion du sommet à la base.

Si le mouvement de réforme est mis en œuvre à tous les échelons, « les méfaits du cléricalisme » seront vaincus. Pour bien vivre la synodalité, on peut s’inspirer de l’Assemblée conviée à Jérusalem (Actes 15). Chacun y expose son point de vue dans un climat qui reste joyeux. La solution finale est élaborée de façon collégiale et fait l’objet d’une déclaration claire et précise, mais qui ne fige ni n’enferme. L’unité résultera de l’amour et la miséricorde des membres et aussi de leur capacité de jugements et d’intelligence. « Non, conclut le théologien, le cléricalisme n’aura pas le dernier mot. L’Église est d’une autre nature. L’Écriture en atteste à chaque page ».
 

Monique Hébrard, au nom du Comité de Lecture

Contre le cléricalisme, retour à l’Évangile

Cet ouvrage à reçu le Prix des Lecteurs de la CCBF 2023.