François Cassingena-Trévedy, Chroniques du temps de peste
Éditions Taillandier – mars 2021 – 175 pages – 18€
Ce livre remarquable est initialement une œuvre de circonstances. Il y a quelques mois, l’auteur s’adressait à tous ceux qui étaient touchés par le confinement, en mettant sur le web quelques méditations. Il a reçu des réponses, et peu à peu, les échanges suscités par ces articles se sont enrichis, regroupés et transformés en une déclaration de foi : une sorte de « ce que je crois ».
Le titre un peu énigmatique fait référence à la peste noire qui ravagea l’Europe en 1348, mais aussi à Catherine de Sienne qui se donna entièrement aux malades. Situation un peu comparable à la nôtre, alors que nous sommes aux prises avec un ennemi insaisissable. Comme aux temps de toutes catastrophes, nous voilà confrontés à l’essentiel. Le moine, poète et philosophe qu’est François Cassingena Trévedy propose de « donner un sens à ce que nous vivons » ;
Le contenu du livre est riche et varié. Une pensée claire et originale va au cœur des problèmes qui mettent notre espérance à rude épreuve. La table des matières précise les sujets abordés : la sexualité présentée en des termes bien éloignés de tout ce que l’Église a enseigné au fil des siècles ; la messe, le tapage qui s’est fait autour d’elle et qui ne doit pas nous faire oublier l’essentiel ; l’eucharistie, souvent chosifiée comme un objet de consommation, elle favorise le cléricalisme et éloigne le prêtre de son rôle principal : être un compagnon d’humanité et un éveilleur de sens ; le renouvellement et l’extension des paroisses en communautés appuyées sur la réflexion et le partage ; la violence omniprésente ; l’actualité des caricatures présentées d’une façon bien éloignée du « politiquement correct »… L’auteur est bien conscient que sa liberté de parole lui vaudra des inimitiés. Néanmoins ses désaccords n’entament pas le respect qu’il manifeste à l’égard de tous.
Plein d’humour, Frère François se souvient être né à Rome, rue des Boutiques Obscures ! Au sens figuré, c’est cette même rue qu’il habite depuis quelques années. De là, il invite ses voisins, ses amis, il nous invite tous, à mettre en commun dans un élan fraternel, nos « nuits de la foi ».
Comme les marcheurs d’Emmaüs, nous sommes accompagnés en permanence par le Compagnon Blanc qui nous redit que, par ces temps de réclusion, nous n’avons besoin que d’une seule chose : aimer et être aimé.
Une lecture propice à l’ouverture des esprits et des cœurs.
Un dernier mot pour souligner la qualité d’écriture de ce petit livre précis et plein de poésie. L’auteur montre une magnifique maitrise de la langue française, alors qu’une telle qualité se fait de plus en plus rare.
Claude et Hervé Lauriot Prévost, au nom du Comité de Lecture