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Parution

Cette « Note de lecture » vous invite à vous procurer l’ouvrage, à le lire, afin de pouvoir voter pour le livre de votre choix, parmi les « bons livres » proposés par la Conférence.

Bernard Janicot, Chrétiens en AlgérieUn grand signe de fraternité
Éd. Bayard – novembre 2020 – 213 pages – 16,90€

Décembre 2018. Au sanctuaire de Santa Cruz à Oran se déroule la cérémonie de béatification de 18 chrétiens, morts martyrs en Algérie durant les années noires (1990-2000). Cette célébration rassemble des chrétiens d’Algérie et de France, des évêques et de nombreux imams. À cette occasion auront lieu également une veillée interreligieuse puis une réunion à la mosquée, en présence des chrétiens, en mémoire des imams et des musulmans victimes eux aussi de la violence de cette période sombre.

Le récit de ces journées bouleversantes ouvre le livre de Bernard Janicot. En 1969 il arrive en Algérie comme coopérant et professeur. Il sera ordonné prêtre dans le diocèse d’Oran en 1975. À son arrivée, l’Église coloniale « n’a pas encore fini sa mue », mais elle change vite. Pour le jeune professeur s’impose très vite l’amitié vécue avec ses collègues algériens.

Puis ce sont les « années noires ». Malgré la peur, la fraternité l’emporte. Les Algériens aussi ont vécu ces années de terreur durant lesquelles furent assassinés des chrétiens et des dizaines de milliers de musulmans par le FIS ou par l’armée. Comme tant de prêtres et de religieuses, comme les moines de Tibhirine, Bernard Janicot a choisi de rester dans son pays d’adoption et de maintenir les liens longuement tissés avec le peuple algérien.

Bernard Janicot consacre de belles pages à son évêque, Pierre Claverie, qui a payé de sa vie l’audace de sa parole et de son engagement : il a été assassiné avec son ami et chauffeur musulman Mohamed Bouchikhi, réunis pour toujours dans la pièce Pierre et Mohammed écrite par Adrien Candiard.

L’Église d’Algérie aujourd’hui ? Une poignée de chrétiens européens, quelques travailleurs immigrés et surtout des étudiants subsahariens. Dans la lignée de Mgr Duval, de Mgr Tessier qui vient de mourir, de Mgr Claverie et maintenant de Mgr Vesco, voilà une Église de service qui vit un enfouissement fraternel au milieu d’un peuple musulman.

Actuellement Bernard Janicot est directeur du centre de documentation économique et social du diocèse d’Oran, un lieu assidument fréquenté par les étudiants algériens et étrangers. Il est également en contact avec quelques petites paroisses.

Ce livre, témoignage de toute une vie de fidélité et de fraternité dans une Église très pauvre, devrait être un grand enseignement pour les Églises d’Occident qui deviennent, elles aussi, de plus en plus pauvres. Elles peuvent se préparer à devenir « Églises de la rencontre » comme le vivaient Christian de Chergé et ses compagnons avec les habitants du village de Tibhirine. L’auteur conclut : « L’Esprit de Pentecôte déborde de toutes parts les frontières de mon Église. »
 

Monique Hébrard – au nom du Comité de lecture

Bernard Janicot