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Parution

C’est maintenant le temps favorable. Cinq regards de femmes sur la crise.
Editions Emmanuel – janvier 2021 – 184 pages – 16 €

Les regards de ces cinq Xavières sur la crise et ses multiples conséquences sont bien différents mais tous sont beaux, riches et solidement ancrés dans le temps d’aujourd’hui.

Geneviève Comeau s’interroge d’abord sur l’action de Dieu dans le monde et dans nos vies. Rejetant l’idée de ceux qui professent que Dieu a envoyé cette pandémie à l’humanité pour la punir de sa démesure, elle nous propose de passer du Dieu du contrat au Dieu de l’alliance. Notre Dieu n’est jamais un juge qui récompense, qui punit ou qui met à l’épreuve, Il désire que nous devenions providence les uns pour les autres. Cela passe par un chemin d’espérance, un retour à la sobriété, à la simplicité, sans oublier la solidarité.

Odile Hardy, originaire de l’Île Maurice, a grandi avec la nécessité du « vivre-ensemble » et s’est spécialisée dans l’anthropologie. Elle souligne que la crise a modifié notre rapport au temps en rompant le processus d’accélération en marche depuis plusieurs décennies. Chacun a dû changer son quotidien mais aussi son regard sur le futur. Il nous faut désencombrer nos vies, chasser nos peurs et choisir la confiance en s’émerveillant de la création.

Agata Zielinski, philosophe, accompagne des personnes en soins palliatifs. Son expérience l’autorise à nous faire réfléchir sur la vulnérabilité dont chacun prend conscience pour lui-même et pour ses proches aujourd’hui. Elle s’attache également à faire reconnaître la complexité du monde alors que les opinions derrière les médias sont tentées par le confort des simplifications. Elle met en avant la liberté qui seule permet d’ajuster nos forces et nos élans. L’art de la rencontre doit aussi nous rendre également capables de donner et de recevoir.

Noëlie Djimadoumbaye est tchadienne et a fait des études de géographie. Elle a étudié à fond l’encyclique Laudato si’ et le document final du synode pour l’Amazonie élaborés par le pape François. Elle observe que la crise sanitaire a été pour beaucoup un moment de recentrement et d’ouverture aux autres. Elle nous invite à être créatifs et à prendre la vie de Jésus comme modèle.

Nathalie Becquart, première femme nommée sous-secrétaire d’un dicastère romain – le Synode des Evêques où elle possède désormais le droit de vote. Elle constate que le virus a conduit l’Église à vivre autrement : messe en ligne sur youtube ou zoom, liturgies familiales… Mais ces célébrations sont insuffisantes pour vivre notre foi qui a besoin d’une communauté. Elle observe que deux modèles coexistent aujourd’hui dans l’Église. Le premier considère le prêtre comme l’homme du sacré, largement séparé des laïcs, et l’autre, hérité du Concile, remet au centre la vocation baptismale de tous prêtres et laïcs. Or l’Église est un peuple en marche qui devra toujours se réformer. Le chemin nécessaire est celui de la synodalité clairement désignée par le pape François comme appel de Dieu pour l’Église du 21e siècle.

La conclusion, portée par une sixième Xavière, Anne-Laure Gomas, est une pressante invitation au changement, à commencer par une nouvelle réflexion sur nos priorités.
 

Loup Monnot des Angles au nom du Comité de Lecture

C’est maintenant le temps favorable