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Parution

Sylvain Detoc La gloire des bons à rien
Le Cerf
septembre 2022 160 pages 16 €

Voici un petit livre au titre prometteur. L’auteur, entré chez les Dominicains après avoir fait des études de lettres et commencé une vie professionnelle comme enseignant, illustre bien son objectif avec humour, joyeuses trouvailles et profondeur.

Les bons à rien, il y en a pléthore. Nous en sommes, nous en rencontrons, et surtout les Écritures en regorgent : Abraham, un vieillard, qui aura une descendance plus nombreuse que les étoiles ; Moïse, un bègue, timide de surcroit ; Amos, un gardien de bœuf un peu lourdaud ; Job, un pleurnichard ; David, trop entreprenant, et beaucoup d’autres.

Parmi les amis de Jésus, le casting n’est guère meilleur. Pierre est lâche ; Jacques et Jean, les fils de Zébédé et de Salomé, sont des ambitieux ; Matthieu est un « collabo » ; et Marie de Magdala, une courtisane…

Dieu ne confie pas sa parole à des surdoués, Il recrute de préférence chez les « branques ». Et cette foule immense de bons à rien, est choisie, aimée par Dieu.

Dans un contexte très différent, Baudelaire, dans un poème des Fleurs du mal, dit bien les choses : « Tu m’as donné ta boue, et j’en ai fait de l’or. »

En effet, ces « bons à rien » ne sont pas forcément bons à rien, car de Dieu, ils reçoivent la gloire. Ils la reçoivent de l’amour inconditionnel dont Dieu les précède et les enveloppe. Vauriens, bandits, médiocres, Dieu ne cesse de les aimer. Et Jésus fera du bon larron supplicié avec lui le premier « canonisé ».

Au milieu de ces pages joyeuses et profondes, l’auteur aborde – et c’est un peu dommage – un sujet qui ne semble pas nécessaire à ses propos : les corps incorruptibles ! Le Christ et Marie sont évidemment mis à part. Mais, sur un mode mineur, l’auteur rappelle que les corps de quelques saints résistent aux lois de la mort : Thérèse de Lisieux ou encore Piet Giorgio Frassati entre autres. Bon, et alors ? Ce dernier constat n’est sûrement pas nécessaire pour nous guider vers l’essentiel : un salut intégral pour l’être humain, pour toute son histoire.

Paul, dans sa Première Lettre aux Corinthiens, résume bien tous ces propos : ce qu’il y a de fou, ce qu’il y a de faible, ce qui est d’origine modeste, voilà ce que Dieu a choisi. Il n’y a rien de mieux pour remonter le moral des « bons à rien » !

 

Claude et Hervé Lauriot Prévost pour le Comité de lecture

La gloire des bons à rien