Dimanche 30 avril 2023 – 4e dimanche de Pâques – Jn 10, 1-10
Je commence ici par rapporter des propos du philosophe François Jullien dans son livre Ressources du christianisme qui, à mes yeux, éclaire le sens des textes de Jean, et celui de ce jour en particulier. Il dit : « Jean distingue, d’une part, la vie en tant simplement qu’être en vie, être animé, parce que gardant en soi le souffle vital : ce qu’il appelle psuché […]. De l’autre, Jean nomme vie, zôé, le fait d’avoir en soi la vie dans sa plénitude. La distinction est faite au milieu de son Évangile ; elle en est le cœur. » François Jullien ajoute plus loin : « Or cette distinction capitale, autour de laquelle se construit la pensée de Jean, s’efface dès l’abord dans la traduction qui rend toujours uniformément par vie ce que Jean pense en deux termes séparés. »
Jésus prend l’image d’une bergerie. Pour le voleur, n’est-ce pas le lieu idéal pour commettre son délit ? Les brebis sont regroupées, à disposition. Il suffit d’enlever un coin de toit et hop, une brebis de moins. La porte ne sert alors qu’à faire entrer les brebis pour qu’elles n’en sortent pas et restent à disposition. Cela peut être une image de la vie sociale idéalisée par certains : contrôler les humains, formant une masse indistincte, dans des lieux définis, et se servir d’eux à l’occasion. Le berger décrit par Jésus a deux attitudes qui réfutent cette manière de voir : il appelle chaque brebis par son nom et il fait sortir les brebis.
Jésus se compare à une porte qui fait que quelqu’un peut entrer et peut sortir. « Si quelqu’un entre en passant par moi […] il pourra sortir et trouver un pâturage. » Le pâturage est à mes yeux une image pour « la vie en abondance », la vie « zôé ». Ce pâturage s’apprécie par cet aller-retour entre bergerie et verdure.
La porte est parole d’invitation, pour nous, lecteurs et lectrices de Jean, en ce troisième dimanche de Pâques : « Lève-toi et va pâturer la Vie en Abondance, je t’appelle par ton nom. »