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Ce n’est plus la loi qui fait foi, c’est la foi qui fait loi

Dimanche 23 juin 2024 – 13e dimanche du temps ordinaire – Mc 5, 21-43

Après un séjour en territoire païen, Jésus revient en territoire juif. Sa réputation le précède, la foule entretient la rumeur de ses capacités extraordinaires à maîtriser les esprits impurs, les démons, le mal. Il aurait pouvoir de vie et de mort et la foule enthousiaste cherche à l’accaparer en se pressant autour de lui.

Mais Jésus se joue de ce qui l’entrave, dans l’espace comme dans le temps. Il accueille la demande du chef de synagogue puis n’hésite pas à s’interrompre en chemin lorsqu’une autre extrême souffrance vient à lui. Il reste inconditionnellement disponible, faisant fi de la position sociale de ceux qui le sollicitent. Jaïre, homme bien en vue, dédié à l’observance de la loi, se retrouve sur le même pied que la femme rendue invisible, empêchée de contact, car frappée d’impureté par cette loi. Mais à ce point de douleur, ce n’est plus la loi qui fait foi, c’est la foi qui fait loi. 

La foi de l’un comme de l’autre est pourtant bien primaire, empreinte de tradition : « Viens lui imposer les mains », voire d’idolâtrie : « Si je parviens seulement à toucher son vêtement…» Or c’est de cette soif de toucher que va surgir l’impensable. Le geste de la femme, quasi imperceptible au milieu de la presse de la foule, atteint Jésus, parce-que la main qui touche son manteau est une main qui désire, qui attend, qui espère et qui fait confiance. Cette main opère en Jésus un changement d'état et l'oriente dans une nouvelle direction : montrer son visage, entrer en relation. Le contact a créé la rupture et libéré la parole, l’humanité de Jésus touché révèle la vie donnée par le Père : une vie re-suscitée et libérée : « Va ! »

Tout est allé vite, comme toujours dans l’évangile de Marc. Pas assez vite cependant pour la foule qui pense que la fille de Jaïre est déjà morte. Mais Jésus, touché, n’a plus qu’un mot à la bouche : « Crois ! » et il se met en route. 

Cette fois, c’est Jésus qui touche, et pas du bout des doigts : il « saisit la main de l’enfant ». Là encore, une vie restait à vivre. Plusieurs vies, même, a peut-être pensé Jésus, en veillant à ce que cette petite fille de douze ans, au seuil de sa vie de femme, mange pour devenir capable de donner la vie à son tour. Le toucher de Jésus ne s’approprie rien, au contraire : il offre à chacun une vie libre en abondance.

Devant le tombeau vide, Jésus dira à Marie de Magdala : « Ne me touche pas ! » Puis aussitôt après : « Va ! » Ni elle ni personne ne pourra plus mettre la main sur lui. Reste sa capacité à être touché, qu’il nous transmet et qui nous incombe désormais, sur notre chemin de vie avec nos frères. 

Crédit photo
Gabriel von Max, CC0, via Wikimedia Commons
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