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Jacques Neirynck commente les textes du dimanche 25 août 2025.

Dimanche 25 août 2024 – 21e dimanche du temps ordinaire – Jn 6, 51-58

« Seigneur, à qui irions-nous ? »

Aujourd’hui encore, telle est la seule parole que nous pouvons prononcer, à laquelle nous puissions nous raccrocher. Si les disciples étaient rebutés par les paroles de Jésus de Nazareth en fonction de leur exigence, nous le sommes moins après vingt siècles de chrétienté qui ont démontré sa pertinence. Nous sommes plutôt repoussés par les défaillances des Églises, tout d’abord parce qu’elles ne parviennent pas à s’entendre entre elles. Certaines dont l’Église catholique en France sont frappées par le scandale d’une pédophilie systémique, qui sanctionne et discrédite un discours irréaliste en matière de sexualité. On en trouve une trace immédiate dans l’Épitre de Paul : « puisque l’Église se soumet au Christ, qu’il en soit toujours de même pour les femmes à l’égard de leur mari. »

Cette phrase n’eut rien de scandaleux voici vingt siècles, elle se conformait à une société patriarcale, elle risque seulement aujourd’hui de sacraliser un préjugé sociétal. Et c’est le cas de façon encore plus générale : le refus de la contraception, l’indissolubilité du mariage sacramentel, le « caractère intrinsèquement désordonné de l’homosexualité » constituent autant de règles impératives de l’Église contredites par l’État de Droit. Le divorce ne cesse de s’affirmer entre le discours du clergé et la vie telle qu’elle est dans les grands centres urbains, la société de consommation, l’omniprésence d’une mondialisation, les impératifs de la démocratie. C’est là sans doute la pierre d’achoppement : si l’on pratique le pouvoir du peuple, comment vivre dans une Église centralisée et autoritaire.

La devise de la CCBF est donc parfaitement pertinente : « ni partir, ni se taire. »  Où un catholique critique pourrait-il émigrer ? Les autres Églises chrétiennes ont leurs tares propres, les autres religions des défectuosités inévitables. Mieux vaut demeurer dans sa tradition sans sacraliser la parole du clergé. Et donc la prendre au nom du sensus fidei, toujours évoqué, jamais entendu.

Il y a quelque chose de poignant dans ce constat : les hommes ne peuvent faire que trahir le message du Christ en le commettant avec les singularités, les préjugés, les anomalies qui tombent de la plume des écrivains sacrés. On expérimente assez ce que le Coran souffre d’être littéralement pris pour la parole de Dieu et de ne souffrir aucune exégèse. Trop d’homélies dominicales commentent les lectures du jour en les présentant comme des documents historiques ou en supposant que toute parole attribuée à Jésus ait été vraiment prononcée par lui. La désertion des églises est la sanction de ce fondamentalisme qui défigure l’essence du christianisme, qui n’est pas d’abord une morale, une adhésion aveugle, une obsession de la tradition, mais une ouverture, une liberté, le respect de la conscience personnelle, l’exigence de l’autonomie.

Jacques Neirynck

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