Dimanche 15 septembre 2024 – 24e dimanche du temps ordinaire – Mc 8, 27-35
Si nous étions nous aussi aujourd’hui aux côtés des disciples de Jésus, il est probable que nous serions plus que déboussolés par ce Jésus qu’ils croient connaître et qu’ils suivent depuis déjà longtemps. Il vient de réaliser plusieurs signes(miracles) dont le plus récent est de nourrir une foule de 4 000 personnes avec sept pains et 2 poissons. Jésus leur a fait de vifs reproches tandis qu’ils discutaient dans la barque : « Avez-vous le cœur endurci ? » ; « Vous avez des yeux, ne voyez-vous pas ? Vous avez des oreilles, n’entendez-vous pas » ; « Ne comprenez-vous pas encore ? »
La question centrale qui se pose à tous concerne l’identité de cet homme, elle traverse les siècles et nous rejoint aujourd’hui encore avec la même exigence de vérité. Il ne suffit pas d’être capable d’acquiescer aux énoncés dogmatiques que formule l’Église. Chacun est invité à s’interroger et à répondre de façon personnelle, là où il en est, avec ses mots : « Qui est Jésus pour moi ? »
La réponse de Pierre fuse : « tu es le Christ », un cri du cœur, une intuition, une fulgurance, une grâce. La foi est confiance totale, adhésion au Christ, née d’une rencontre, d’une relation vivante, originale entre chaque croyant et le Christ.
Il est riche de sens de lire aujourd’hui un extrait de la lettre de Jacques (2,14-18) : « Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. » (17) – Je n’entends pas m’aventurer dans le débat qui a déchiré les chrétiens et les divise encore, la foi et/ou les œuvres.
Dans l’émotion suscitée par le déroulement des jeux paralympiques, il me semble qu’il y a matière à être interpellé. Les commentateurs unanimes relèvent la présence innombrable et la ferveur du public dans tous les stades et lieux de compétition ; on parle de communion avec les athlètes, on observe, y compris hors des stades, des gestes d’attention, de bienveillance, d’entraide réciproque. Il y a de la joie. Pourvu que ce ne soit pas une parenthèse vite oubliée !
Ouvrons les yeux, les oreilles, le cœur car c’est à nous que les reproches de Jésus pourraient bien s’adresser : « Ne comprenez-vous pas encore ? »
Comme le disait André Gouzes* « … L’Église requiert […] des prophètes, des poètes, des hommes et des femmes prêts à tout donner pour le service de leurs frères, des amants de la vie…
Le Saint Esprit n’est pas dans le coup de tampon canonique, mais dans la liberté de l’envol. »
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*André Gouzes, Une Église condamnée à renaître. Entretiens avec Philippe Baud, 2001