Dimanche 18 septembre 2022 – 25e dimanche du temps ordinaire – Lc 16, 1-3
Qu’aujourd’hui Jésus par ce texte nous dise que « vous ne pouvez servir à la fois Dieu et l’argent », il m’arrive d’adhérer à ce slogan à la manière de mon récent voisin de café. Il se disait atterré par les manœuvres financières de notre monde pesant sur la vie de tant de personnes et proclamait : « Ils sont fous. » Or Jésus s’adresse à de vraies personnes. Qui sont « ils » ? En suis-je, pour une part de ma vie ? « Serait-ce moi, Seigneur ? » Cela me suggère que je pourrais établir quelques éléments importants de mon histoire avec l’argent et que je pourrais visiter certains de mes choix du moment, mes facilités ou difficultés de toutes sortes avec l’argent.
En parallèle de la parabole du riche et de Lazare qui sera lue la semaine prochaine, où clairement de ce riche nous pourrons dire « il est fou », Luc propose dans ce chapitre une parabole où un gérant malhonnête sous la pression de son renvoi par son riche maître va diminuer des dettes (dues à son maître !) pour que les personnes ainsi soulagées l’accueillent chez lui une fois renvoyé. S’il ne semble guère améliorer ainsi ses qualités de gérant, pourtant le maître fait l’éloge de son habileté. Se faire des amis avec l’argent, voilà un bel exemple ! C’est une habileté de « fils de ce monde ».
Mais comment cette histoire peut-elle concerner aussi l’habileté des « fils de la lumière » ? Comment parle-t-elle de chercheurs « d’amis accueillant dans des demeures éternelles », de chercheurs de bonheur dans de belles relations, de chercheurs de « bien véritable » ?
Dans la prière du Notre Père donnée dans l’Évangile de Matthieu, il est écrit : « Remets-nous nos dettes comme nous remettons aussi à nos débiteurs. » Que cette histoire de dettes soit au cœur de la prière du Seigneur n’est sûrement pas anodin et cela m’encourage à voir dans cette parabole du drôle de gérant un cadeau de Jésus pour notre vie.
Bien sûr, il y a les dettes d’argent. Et il n’y a pas de raison de les exclure ici sous prétexte de chercher d’autres exemples. La non réciprocité proposée par Jésus dans les invitations à des repas (réjouis-toi que ces invités-là n’aient rien à te donner en retour) élargit le sens. J’ai donné, prêté, et qu’ai-je en retour ? Ai-je un intérêt dans l’affaire ? Le don peut être autre que de l’argent. Cela peut être de l’attention, du temps, de l’énergie, de la relation, de l’amitié. Ai-je des personnes à qui j’en veux ? J’en veux de l’attention en retour, de l’amitié en retour, etc. Peut-être tout cela appartient-il au domaine du riche par excellence en relations, notre Dieu ? Eh bien la prière que nous propose Jésus est de lâcher les dettes de ce riche maître.
Voici un exemple illustratif. Un ami se rappelle qu’à l’adolescence un adulte lui avait dit en l’observant travailler qu’il ne ferait jamais rien de sa vie. Cette histoire lui revient dans des réunions de travail quand une adversité s’y déploie et cette mémoire lui fait perdre ses moyens d’expression. Mon ami en veut à cet adulte et en même temps laisse à ces propos négatifs un pouvoir d’influence. Réduire la dette, c’est pour cet ami lâcher l’entretien de ce passé (en énumérant par exemple les éléments qui contredisent le pronostic et il y en a !). Il met alors en pratique cette remise de dette et ainsi vit depuis les relations au travail de façon heureuse en y incluant les oppositions éventuelles.
Ainsi la Parole de ce jour est une invitation au bonheur. Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel des relations. Remets-nous nos dettes comme nous remettons aussi à nos débiteurs.