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Jeudi 6 avril 2023 – Jeudi Saint – Jn 13, 1-15

Les lectures de ce Jeudi Saint introduisent à Pâques. Selon la première, la fête est enracinée dans la plus lointaine tradition d’Israël. Elle est entérinée par l’épître de Paul. C’est un pilier de la foi, la création de l’Eucharistie, la fête des prêtres et aussi, dans l’évangile de Jean, l’exemple du service mutuel que le Maître rend à ses disciples. C’est donc le jour par excellence pour s’interroger sur ce que ce rite et ce commandement sont pratiquement devenus dans notre Église catholique.

Pourquoi le rite est-il déserté maintenant par une proportion croissante de baptisés ? Que faire pour le restaurer ? Il a évolué au fil des siècles pour devenir répétitif, abstrait et privé de sens immédiat. Celui-ci repose sur la célébration ancestrale d’un repas communautaire, qui fut et est toujours un moment de convivialité et de joie et qui a fondé l’humanité dans les temps les plus reculés. Réduit à la distribution non pas de pain mais d’hosties et à l’absence du vin, il perd de son sens primordial, vital, constitutif. De même que nous ne pourrions-nous passer longuement de manger sans mourir d’inanition, le rite central de l’Église rappelle la nécessité de nourrir la foi par une célébration vivante de la communauté. Il est nécessaire de le restaurer dans sa fonction initiale, de le fonder sur une référence réelle aux sens. Il serait intéressant de remplacer l’hostie par un vrai pain, rompu par le célébrant comme c’est le cas dans des Églises réformées. Si le rite s’insérait dans un véritable repas, il recouvrerait le sens de sa toute première célébration.

Dans l’évangile de Jean, à la suite du Christ, les évêques et les prêtres sont invités à exercer une fonction de service. Il ne s’agit donc pas d’un titre qui les mettait au-dessus des fidèles, mais bien qui définit le rôle du clergé. Mettre un prêtre à la place du Christ c’est tomber dans l’idolâtrie. Cependant l’enseignement, les consignes, les règles descendent en réalité de la hiérarchie. Les fidèles ordinaires n’ont pas voix au chapitre pour exprimer leurs attentes. Le cléricalisme, stigmatisé maintes fois par le pape, persiste. Il ne suffit donc pas d’organiser le rite du lavement des pieds, il faut que celui-ci soit un appel concret à changer les pratiques.

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