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Mercredi 25 décembre 2023 – Messe de la nuit – Lc 2, 14

L’évangile de cette nuit rapporte un récit de la naissance de Jésus à Bethléem selon Luc. Il n’a pas de valeur historique, car en 80 lors de sa rédaction, il n’y en avait plus de témoins. Ni Marc, ni Jean n’évoquent Jésus avant l’âge adulte, tandis que Matthieu et Luc se conforment à une règle des biographies rédigées dans l’Antiquité : le récit de l’enfance d’un personnage historique comporte une anticipation de sa vocation ultérieure, il est de l’ordre de la légende, étymologiquement de ce qui doit être lu et déchiffré. Les exégètes sont d’accord : on ne sait ni où, ni quand Jésus est né, ces détails biographiques ne sont pas importants.

En revanche, l’évangile est au sens textuel une bonne nouvelle. Luc rédige ici le texte créateur d’une littérature qui fleurira ensuite : le conte de Noël, c’est-à-dire un récit merveilleux, comme l’est toute naissance, où le bien finit par triompher du mal. Luc s’est inspiré de traditions orales qui transmettent l’esprit des premières communautés chrétiennes. Jésus n’est pas venu pour conforter le pouvoir des notables, des riches, du Temple. Bien qu’il soit né dans la famille du charpentier Joseph qui n’est pas pauvre, le récit peint une pauvreté absolue, une étable pour logis, une crèche pour berceau. Il est reconnu par les bergers, les travailleurs les plus humbles, des marginaux, anticipant le souci constant de Jésus de Nazareth pour les plus modestes.  

Qu’avons-nous fait de ce message de Noël en notre siècle ? Le bilan est mitigé. D’une part, les fidèles de l’Église catholique, les pratiquants, comportent encore certains notables qui se plient surtout au conformisme de leur classe sociale, à un réflexe identitaire, tandis que les travailleurs les plus humbles, les descendants des bergers, l’ont désertée : dès le siècle passé la classe ouvrière a été oubliée selon le diagnostic célèbre de Pie XI à l'abbé Cardijn en 1925 : « Le plus grand scandale du XIXe siècle, c'est qu'en fait l'Église a perdu la classe ouvrière. ».

Mais d’autre part le message de Noël s’est imposé un vaste mouvement social de défense des travailleurs, de redistribution des revenus, de création d’’une sécurité pour les handicapés, les chômeurs, les retraités. À vingt siècles de distance, la France est totalement différente de la société où Jésus naquit : elle ne pratique plus l’esclavage, la peine de mort, la colonisation, la guerre impérialiste, mais au contraire elle a le souci des défavorisés, promeut la paix. Même si cela laisse encore à désirer pour l’accueil des migrants.

Cet évangile de Noël nous invite donc à poursuivre dans la voie de la générosité, du respect des plus défavorisés, de la concorde civile, de la poursuite de la paix. Ces objectifs seront toujours en avant de notre action comme l’horizon qui recule lors qu’on marche dans sa direction. Nous nous sommes perfectionnés à la suite de la Révélation mais nous demeurons perfectibles. Nous ne serons jamais parfaits qu’en nous leurrant.

Crédit photo
Image par G.C. de Pixabay
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