Dimanche 22 septembre 2024 – 25e dimanche du temps ordinaire – Jc 3, 16 – 4, 3 ; Mc 9, 30-37
« La jalousie et les rivalités mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes. Au contraire, la sagesse qui vient d’en haut est d’abord pure, puis pacifique, bienveillante, conciliante, pleine de miséricorde et féconde en bons fruits, sans parti pris, sans hypocrisie. » Cette citation de la lettre de saint Jacques retentit comme une sanction de notre comportement de citoyens. Il n’y a pas de politique qui ne soit de consensus, c’est-à-dire de conciliation entre opinions diamétralement opposées. Les institutions de la France semblent bloquées par l’antagonisme entre trois blocs, la gauche, le centre et la droite, qui existent partout, qui ont appris à œuvrer ensemble pour le bien de ces pays mais qui n’y parviennent pas ici. Pourquoi ?
Le mythe de la laïcité à la française dans son exaltation laisse entendre qu’il n’y aurait pas de correspondance entre la foi et la politique, qu’un chrétien pourrait se comporter comme s’il ne l’était pas quand il vote. On entretient l’opinion que les institutions patinent parce qu’elles sont mal conçues ou mal utilisées. Le peuple qui les a choisies serait innocent de leur composition et de leur attitude.
Or, la politique n’est qu’une des facettes de la vie en commun avec la famille, l’emploi, les associations. La foi est morte si elle n’est pas active, si elle ne se transcrit pas dans la charité, c’est-à-dire la reconnaissance d’autrui comme un autre soi-même, qui peut diverger d’opinion mais qui ne devient pas pour autant un ennemi, qui possède sans doute quelque fragment de la vérité qui nous manque. Si un parti proclame qu’il ne veut gérer la gouvernance qu’en appliquant strictement son programme, tout son programme et rien que son programme, et qu’il refuse de collaborer avec tout autre parti, on se situe en dehors du bon sens, de la réalité, mais aussi de la charité. Car celle-ci n’est pas un idéal hors de portée mais une obligation réaliste et bienfaisante.
La division partisane d’un pays pointe vers son défaut de foi vivante. À côté de l’impasse française, il est intéressant de noter la fluidité de la politique dans les pays scandinaves ou helvétique. On y veille à ce que toutes les composantes politiques soient représentées dans les exécutifs. Si bien que la cohabitation, la collaboration, la participation, la coalition ne sont pas considérées comme trahisons indignes des multiples idéaux, mais comme l’expression de la sagesse et de la tolérance.
Paul Claudel, emblème d’un certain catholicisme français, a dit : « La tolérance ? Il y a des maisons pour cela. » Ce jeu de mots transforme la vertu de tolérance en un vice. Or la position de Jésus est bien différente : « Je vous le dis en vérité, les publicains et les prostituées vous devanceront dans le royaume de Dieu. » Si vous ne reconnaissez pas ceux qui vous sont le plus étrangers et qui sont des êtres humains à part entière, vous blessez la charité.
Le critère ultime de la tolérance est de l’accorder même à ceux qui sont intolérants. Le plus grand parti de France affiche sa xénophobie mais il ne se limite pas à cela, il assume d’autres attentes. L’exclure de l’arc républicain relève de l’intolérance.
Jacques Neirynck