Dimanche 10 septembre 2023 – 23e dimanche du temps ordinaire – Rm 13, 8-10 ; Mt 18, 15-20
Le thème des lectures de ce dimanche est la recherche de l’entente entre les hommes. Le contraire de l’affrontement, de la controverse, de l’antagonisme, voire de la violence. Le fait que la guerre resurgisse maintenant sur le sol de l’Europe rend cette injonction urgente. C’est peut-être l’enseignement évangélique le plus fondamental. Il ne suffit pas de prôner théoriquement l’amour du prochain, il faut encore le rendre possible lorsqu’il devient difficile.
Car le conflit surgit dans toute société. Lutte pour accéder aux ressources en terre, en eau, en minerais. On peut décrypter notre histoire à travers ces lunettes. On n’en vient pas aux mains, ni au champ de bataille sans qu’un intérêt en soit la source. L’Europe dite chrétienne s’est déshonorée en provoquant deux conflits mondiaux durant le siècle passé, dont non seulement elle n’a tiré aucun profit mais qui a ruiné son statut de centre de la civilisation, qui a fait périr des millions d’Européens, qui a décimé sa jeunesse.
« L’amour ne fait rien de mal au prochain. » Il est impossible de prétendre aimer quelqu’un que l’on s’apprête à tuer, blesser, humilier, exploiter sous le seul prétexte qu’il est différent : il porte un autre uniforme, il parle une autre langue, il pratique une autre sexualité, il vote pour un autre parti. Le prochain n’est donc pas l’habitant du même quartier avec les enfants dans la même école, la même cuisine, les mêmes divertissements. C’est celui qui n’est pas identique. Les pires entreront au Royaume les premiers : prostituées et collaborateurs de l’occupant romain.
Rude exigence évangélique. Elle va directement à l’encontre de certains discours haineux qui prétendant défendre la civilisation « judéo-chrétienne » et qui en sont une contrefaçon grossière. Elle signifie que les « prochains » qui ont le plus besoin de nous sont les migrants qui se noient dans la Manche. Elle implique que l’Islam soit respecté (et non toléré) comme une religion distincte mais égale à la nôtre, une recherche de bonne foi de la transcendance. Elle enseigne l’ouverture aux homosexuels et aux divorcés remariés.
L’intolérance à l’égard des dissidents fut la règle plutôt que l’exception durant deux millénaires de chrétienté. Pour la première fois on commence aujourd’hui à la surmonter. Le premier article de la déclaration des droits de l’homme est explicite : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. » Le Droit a rattrapé et dépassé les malfaçons de l’Évangile que furent les procès de Jeanne d’Arc, Galilée et Dreyfuss
Jacques Neirynck
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