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L’envoi en mission par tous et pour tous

Vianney DANET . 13 juillet 2024

Dimanche 14 juillet juin 2024 – 15e dimanche du temps ordinaire – Mc 6, 7-13

L’évangile de Marc nous propose ce dimanche le premier envoi en mission des disciples. 

Cet envoi semble bizarrement coincé ou astucieusement placé entre la guérison-résurrection de la fille de Jaïre, le constat que nul n’est prophète en son pays et la question de savoir quel prophète est donc Jésus au yeux d’Hérode ; et le récit de la décapitation de Jean son cousin. La mission est ainsi située entre la guérison, la difficulté à convertir son semblable, et le don total que demande la mission. 

« Il (Jésus) parcourait les bourgs à la ronde en enseignant. » On est donc toujours dans le pays de Nazareth, là où Jésus fait l’amer constat du refus de croire de ses proches. Est-ce pour cela qu’Il « appelle alors les douze » et les envoie en mission ? Quoiqu’il en soit, l’appel des douze symbolise l’appel de toutes les tribus d’Israël, et donc l’appel de tous à partir en mission. Nul n’est exclus de cet appel, tous sont envoyés s’ils croient. Il n’y a pas une élite, une caste, ou une catégorie sociale, représentante des apôtres, qui pourrait se dire habilitée ou plus apte à la « mission ». Cet envoi rend tous également responsables. Et nul ne peut être simple observateur. 

Et c’est par deux que Jésus envoie les disciples. Pour s’épauler ? S’encourager ? Se contrôler ? Qu’importe ! la mission ne peut être faite seul, elle se partage. Chacun complète éventuellement l’autre et aucun ne peut être au-dessus de l’autre ou devenir le « gourou » du lieu.

Les instructions que Jésus donne ne portent pas sur le contenu du discours à tenir mais sur l’attitude personnelle, et la relation à établir avec l’autre. Dépouillement pour soi-même, et humilité. Il faut aller à la rencontre du monde qui nous entoure, dénudé, sans possession, sans recherche de pouvoir, c’est à dire aussi sans préjugé. Accepter l’hospitalité telle qu’elle nous est offerte. Et « si on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds ». Cette phrase bien connue peut être interprétée par certains comme une autorisation de mépris vis à vis de ceux qui ne croient pas comme vous et ne vous aiment pas ! Ou simplement, en fait, que vous n’aimez pas ? Il ne s’agit pas de condamner mais plutôt, en se débarrassant de la poussière qui collent aux pieds, de ne rien garder de ceux qui, fermés sur eux-mêmes, refusent l’hospitalité à l’étranger, et l’écoute de l’inconnu. Surtout ne rien emporter de la haine, et du rejet de l’autre. C’est par cette attitude qu’il est possible de témoigner du don total du Christ pour l’humanité. Ainsi Marc nous précise que les apôtres proclamaient qu’il « fallait se convertir », qu’ils « faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades et les guérissaient ». Cette dernière phrase contraste avec la dernière phrase de la visite à Nazareth, juste avant l’envoi en mission, où Marc nous dit que sur ses terres, « Il (Jésus) ne put faire aucun miracle, si ce n’est de guérir quelques malades ». Ainsi comme on le retrouve ailleurs dans les évangiles, Jésus par son envoi procure à ses disciples une force, un pouvoir aussi grand que celui qu’il exerce. 

 

Au moment où sur différents bords extrêmes retentissent les cris de « on est chez nous », des outrances antisémites, ou des diktats stériles, quelle est la mission des disciples du Christ ici et maintenant ? Dans un monde sécularisé, faut-il se calfeutrer comme au lendemain du chemin de croix ? Ou plutôt sortir de soi pour partager une espérance de la vie plus forte que tous les comportements mortifères qui incitent au repli sur soi, à valoriser les exclusions, peut-être demain la délation et la haine de son voisin, à accuser toujours un autre des difficultés que l’on vit ? 

Porter l’espérance de vie, voilà ce à quoi nous sommes envoyés. Voir les guérisons qui ne manquent pas d’exister grâce à la fraternité entre diversités ou divergences d’hier. Celles-ci peuvent s’effacer devant cette urgence de résistance qui doit proclamer que nous sommes tous semblables, créés à la même image du même Dieu. 

À la fin du cahier de catéchisme de ma petite fille alsacienne, elle a écrit à propos d’un texte du livre de la Genèse : « Abraham invite 3 voyageurs. Il accueille ses visiteurs sans se poser de questions. Il leur offre l’hospitalité. » La parole simple d’une enfant de 7 ans nous invite à vivre ensemble sur notre planète, qui fait partie du Royaume. C’est quoiqu’on veuille notre lot quotidien. À notre Père demandons pour la mission qui nous attend de donner chaque jour la paix à notre voisin, et de nous nourrir de ceux qui nous donnent la paix. 

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