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À la question d’une journaliste sur la possibilité pour une femme d’être ordonnée diacre, le pape François vient de répondre par la négative : « Les femmes offrent un grand service comme femmes, pas comme ministres au sein de l’ordre sacré. » L’accès des femmes au diaconat fut l’une des questions les plus débattues par les participants au Synode sur la synodalité. Lors de l’assemblée d’octobre 2023, les membres ont souhaité que « l’on poursuive la recherche théologique » à ce sujet. Or des diaconesses ont exercé durant les premiers siècles, mais on ignore si elles étaient ordonnées ou non. Le sujet est toujours débattu entre spécialistes : on ne peut affirmer formellement qu’elles n’ont jamais été ordonnées

Cette prise de position personnelle du pape ne signifie pas une décision du magistère mais elle fait appréhender ce qu’elle sera. Le Vatican déchiffre bien le sens de cette demande : si une femme peut être ordonnée diacre, pourquoi ne serait-elle pas ordonnée prêtre ? Or cette voie est définitivement fermée selon la lettre apostolique Ordinatio Sacerdotalis de Jean-Paul II en 1994.

Le Vatican, comme corps constitué, n’en démordra pas mais qu’en pense le pape François en dépit de sa prise de position obligée ? Avant celle-ci, des spéculations croyaient pouvoir assurer qu’il était ouvert à cette proposition. La déception est donc grande et elle ouvre une réflexion plus générale sur le rôle d’un pape. Est-il tenu de s’aligner sur la position de son entourage romain ? De droit ou de fait ? C’est sans doute le dernier cas. Quoi que pense le Pape François, il est d’abord obsédé par la crainte de déclencher un schisme en ne suivant pas son clergé local et mondial. On en a eu deux autres exemples : l’autorisation de bénir un couple d’homosexuel a brouillé le clergé africain qui ne l’utilisera pas ; pour des raisons pragmatiques évidentes, le synode sur l’Amazonie a recommandé l’ordination de viri probati dans les communautés isolées, mais le pape n’a pas suivi cette recommandation. Il se trouve dans la position habituelle des chefs d’État qui règnent mais ne gouvernent pas. Il n’est que le symbole de l’unité d’une Église pourvu qu’il ne heurte pas sa fraction la plus traditionnelle.

Les sociétés civiles sortent lentement mais sûrement de leur patriarcat antérieur. Les femmes y occupent toutes les fonctions dans les trois pouvoirs, députées, ministres magistrates. Elles dirigent des entreprises multinationales tout aussi bien que des orchestres symphoniques. Elles sont officiers, chirurgiennes, professeures, ingénieures, écrivaines. Elles sont compétentes, motivées, opérationnelles pour tous les emplois possibles. Mais pas comme prêtres. Cependant elles remplissent parfaitement ces fonctions pastorales dans les Églises réformées et anglicanes.

Si Rome les exclut, ce n’est donc pas pour leurs capacités professionnelles. Il ne reste donc que leurs différences physiologiques, sans qu’il soit précisé lesquelles. Si l’on reprend l’assertion du pape François, les femmes peuvent tout à fait rendre des services qui les qualifieraient comme diaconesses, mais elles ne peuvent y accéder car elles ne sont pas « configurées » à Jésus de Nazareth qui était de sexe masculin. 

Crédit photo
Photo de RDNE Stock project: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/femme-religieux-personne-agee-lutrin-8674152/
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