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Le bon pasteur ne transforme pas ses brebis en... moutons

Vianney DANET . 19 avril 2024
Dimanche 21avril 2024 – 4e dimanche de Pâques – Jn10, 11-18

À l’époque de Jean l’espoir d’un retour rapide de Jésus s’estompe. Cet évangile s’emploie à nous montrer le chemin du ressuscité qui mène à Dieu, souvent à l’aide d’une somme d’images. Dans la parabole de ce jour, Jésus déclare : « Je suis la porte des brebis », « Moi, Je suis le bon pasteur », et aussi : « Moi je connais mes brebis et mes brebis me connaissent comme le Père me connaît et que je connais le Père. »

Non pas un savoir identitaire, un jugement, mais une façon de partager la vie de l’autre avec cette part de réciprocité sans laquelle tout serait réduit à une prise de pouvoir. Ainsi, qui peut se dire pasteur sans capacité à assumer cette connaissance avec la fraternité qu’elle contient sauf à être un imposteur, un pillard, un mercenaire, comme le dit Jésus ?

Jésus appelle ses brebis une à une, les fait sortir. Cette libération, il l’étend à toutes celles qu’il doit encore mener et qui ne sont pas dans l’enclos, jusqu’au jour où « il n’y aura qu’un seul troupeau et un seul pasteur ».

Pour nous, le terme de pasteur est, dans notre Église, empreint d’ambiguïté alors que l’évangile de ce jour est clair : il n’y a qu’un seul pasteur, le Christ. Il ne parle pas de hiérarchie, de prérogatives, de ministères ordonnés, ni d’autorité. Toutes les brebis, appelées par leur nom, sont chacune en relation directe avec cet unique pasteur, et aucune ne peut accéder au Père sans passer par Lui.

Il y a bien deux tentations pour les brebis. La première : se faire portier de la bergerie, et alors risquer de n’être qu’un mercenaire du Christ, un pasteur à gage, un fonctionnaire de l’Eucharistie. L’autre : négliger, voire oublier la responsabilité qui découle de cette relation directe que le Christ offre à chacun, et se transformer alors en mouton grégaire, s’en remettant au premier pasteur qui se présente. Ainsi en va-t-il de celles et ceux qui, par exemple, tout en ne partageant pas les propos de leur curé, disent cependant : « Au moins on a un prêtre. » Quand la brebis libérée n’honore pas la responsabilité qui est lui a été donnée par le Christ, on voit poindre un risque de dérive sectaire.

Le pape François nous a appelés largement à participer au synode sur la synodalité, toutes brebis confondues. Pour les premières phases, les brebis se sont exprimées, soutenues par la hiérarchie de l’institution ou par des associations de laïcs comme par exemple la CCBF. Pour la deuxième étape, en cours, il y a peu d’incitations à participer venues d'évêques ou de prêtres. C'est pourtant le moment de faire des propositions concrètes, en vue de la session d'automne. La tentation de devenir ou de rester mouton est visiblement forte.

Les pluies importantes de ces derniers mois procurent en ce printemps une herbe abondante et tendre. C’est l’occasion pour toutes les brebis de marcher ensemble, de se régaler d’une herbe toute neuve et saine. Ce synode sur la synodalité est une formidable occasion d’être et de vivre en brebis responsable. Toutes portent du fruit et sont appelées à mettre bas… Qui prendra soin de ces vies nouvelles ? 

Crédit photo
Jim Black de Pixabay
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