Dimanche 3 novembre 20242 – 31e dimanche du temps ordinaire – Dt 6, 2-6 ;Mc 12, 28b-34
Les textes de ce jour nous rappellent l’importance des commandements enseignés par Moïse, redonnés dans le livre du Deutéronome, puis par Jésus alors interrogé par un scribe : « Quel est le premier de tous les commandements ? »
« Écoute Israël :
le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur.
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. »
Il faut comprendre ce commandement comme le commandement de toute chose. Il est le primordial.
À l’heure des « like » à tout va, ce commandement nous interroge et cette injonction d’aimer ne va pas de soi : aimer n’est-il pas un élan de l’âme qui nous envahit, nous dépasse sans que nous puissions toujours le maîtriser ? Aimer se commande-t-il ?
Cette loi est un chemin vers Dieu, vers le bonheur. Pour les prophètes, le respect librement consenti de la Loi de Dieu achemine lentement mais sûrement la société humaine vers la fraternité.
Aimer Dieu, c’est être ouvert à un mystère, c’est vivre avec, se laisser habiter, façonner par Lui, nouer une relation au plus intime de nous-mêmes. Les facultés humaines que sont le cœur, l’âme, l’esprit, la force sont convoquées. Elles soulignent l’engagement total de l’homme avec toute son humanité, toute son intelligence et toute sa vitalité à aimer Dieu. On ne peut aimer Dieu à moitié. Mais Jésus cite le Lévitique (Lv 19, 18) qui ordonne d’aimer son prochain comme soi-même. Cette association des deux citations de Dt 6,5 et Lv 19, 18 est unique. Ainsi, la loi juive n’est pas abolie, mais transcendée en lui adjoignant le second commandement : « tu aimeras ton prochain comme toi-même » : c’est donner un sens nouveau au premier : « tu aimeras ton Dieu ».
Jésus donne un sens à la Loi : elle doit se vivre intérieurement et concrètement avec l’amour du prochain. Elle fait vivre et désormais l’amour de Dieu ne peut aller sans l’amour du prochain. Jamais l’un sans l’autre. Cette association des deux commandements confère à l’homme une dignité inaliénable. Elle fait de l’homme, d’une certaine manière, l’égal de Dieu. Elle nous dit aussi que l’amour de Dieu n’est peut-être pas possible sans traduction dans notre vie de l’amour porté à notre prochain. En définitive, l’amour de Dieu s’expérimente dans l’amour du prochain.
Et cet amour de Dieu et du prochain « est plus important que tous les holocaustes et sacrifices », selon le scribe qui paraphrase ici le prophète Osée : car c’est l’amour qui me plaît et non les sacrifices, la connaissance de Dieu plutôt que les holocaustes. (Os 6,6 ). Ainsi l’éthique surpasse t-elle le culte.