Dimanche 10 mars 2024 – 4e dimanche de Carême – Ep 2, 4-10 ; Jn 3, 14-21
L’évangile de Jean nous propose ce dimanche le monologue de Jésus qui termine l’entretien avec Nicodème. Ce pharisien « d’ouverture », notable juif venu interroger Jésus de nuit, sachant que « personne ne peut accomplir les signes que [lui, Jésus] accomplit, si Dieu n’est avec lui » (Jn 3, 2).
Face à cet homme respectueux de la loi, Jésus reprend les textes et l’histoire du peuple juif pour faire valoir les changements qu’il apporte, et expliquer qu’à moins de « naître d’en haut, nul ne peut voir le royaume de Dieu » (Jn 3, 3).
Ainsi « comme Moise éleva le serpent au désert, ainsi faut-il que soit élevé le fils de l’homme ». Le regard élevé vers ce serpent de bronze permettait aux juifs de guérir des morsures des serpents du désert. En s’incarnant dans notre humanité, Dieu, par son fils élevé sur la croix, fait mieux que se substituer au serpent d’airain. Plus que pour apporter une guérison temporelle, c’est pour que « qu’en lui tout homme qui croit ait par Lui la vie éternelle ». Par notre foi et par Jésus, nous accédons à la Vie tout entière. Nous participons à la Vie éternelle ici et maintenant, autant que dans un futur… inconnu.
C’est bien ce que Paul nous dit : « À cause du grand amour dont [Dieu] nous a aimés […], il nous a donné la vie avec le Christ. ». Et Jean surenchérit : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » (JN 3, 16)
Ce « sacrifice » est en fait un don d’amour, une volonté d’alliance infinie, toute tournée vers la vie et sans rien de mortifère, à l’opposé de ce que certains affirment, et tout particulièrement encore en ce temps de Carême.
Comme le dit Jean-Claude Guillebaud : « Dans les religions anciennes – et encore dans notre société aujourd’hui –, le récit du sacrifice exprime toujours le point de vue des sacrificateurs. » Avec la subversion évangélique, « le discours des accusateurs est retourné comme un gant, […] la résurrection [la vie] vient ruiner le sens même du sacrifice, l’anéantir ». Ainsi, pour passer des ténèbres à la lumière, il nous faut faire la volonté de Dieu, ce qui n’a rien de sacrificiel, au sens ordinaire du terme. Et selon l’expression du jésuite Pierre Ganne : « [La volonté de Dieu] réside dans ce que je décide de faire et dans la responsabilité que je prends dans cette décision. » Mon baptême, au-delà d’une espérance, me donne d’abord une responsabilité. « Ne rien attendre et tout espérer », comme nous le disons à la CCBF.
À l’approche de Pâques, nous accueillons dans nos paroisses les catéchumènes se préparant à recevoir le baptême. Notre credo de chrétien pourrait se résumer à ce que nous devrions dire ensemble avec le prêtre, dans toutes nos eucharisties : « Par lui, avec lui, et en lui, à toi, Dieu le père tout puissant… » Pas d’attentisme possible, de dérobade derrière un « de toute façon Dieu nous sauve », car toute vie est mouvement, tout est dans le chemin « par lui, avec lui, en lui » qui nous mène, ensemble, à Pâques.