Dimanche 12 novembre 2023 – 32e dimanche du temps ordinaire – Mt 25, 1-13
Une petite faute de frappe un jour sur mon ordinateur m’a fait involontairement expérimenter la violence de l’alignement de ces 5 mots : « Je ne vous connais pas !»
J’avais envoyé un mail à quelqu’un que je côtoyais occasionnellement mais l’erreur sur l’adresse mail a envoyé mon message à un inconnu qui a eu la gentillesse de m’informer en retour de l’erreur. Quiproquo ! J’ai lu ce « Je ne vous connais pas » comme étant la réponse lapidaire du destinataire initial et cela m’a vraiment fait mal, touchée au cœur dans ce besoin vital d’exister au regard des autres.
Et voilà que cette même phrase résonne à la fin de la parabole de ce jour que Jésus raconte à ses disciples pour leur faire approcher le mystère du royaume de Dieu.
Et si cette phrase m’était adressée ?
Voici le synopsis de la parabole : l’époux d’une noce tarde à venir. Dix jeunes filles vierges invitées l’attendent. Le temps passe et les bougies de cinq d’entre elles s’éteignent faute d’avoir prévu de quoi entretenir la flamme. Quand elles reviennent enfin avec de l’huile, trop tard ! Elles sont exclues de la fête : je ne vous connais pas !
Mais comment est-on passé de l’invitation joyeuse à des noces à l’exclusion derrière une porte fermée ? La parabole joue sans doute bien son rôle car elle dérange, suscite incompréhension, désespoir, voire colère, mais surtout elle questionne.
Et notre regard est comme attiré vers ces jeunes filles imprévoyantes, celles dont la disposition d’esprit est qualifiée d’insensée, qui restent dans la pénombre car on pressent qu’elles ne se sont pas préparées à cette invitation aux noces. Et si nous étions ces jeunes filles ?
Elles n’ont pas pris la mesure de l’évènement auquel elles sont conviées. Peut être faut-il que la porte reste fermée pour qu’elles en prennent conscience. Et nous, réalisons-nous par exemple le don inestimable de la vie qui nous est donné gratuitement, chaque jour ? Faut-il attendre que cette vie s’amenuise pour qu’elle prenne soudain du prix ?
Que symbolisent ces lampes qui s’éteignent ? Est-ce notre vie qui s’enlise dans le confort du quotidien, le « ronron » de l’entre soi, notre foi qui s’étiole faute de la nourrir ?
Les jeunes filles insensées demandent aux autres de pallier leur imprévoyance. Mais nul ne peut vivre sa foi par procuration : chacun est responsable de ses propres choix.
Qui a fermé la porte ? Est-ce celui qui invite, l’autre, ou plutôt n’est-ce pas nous même qui nous excluons en restant à la surface de notre vie, en n’osant pas la rencontre avec ceux qui à première vue dérangent, auxquels pourtant le Christ nous envoie ?
« Tenir une lampe allumée » : nous l’avons sans doute souvent chanté. Mais est-ce juste resté sur nos lèvres ? Car « il ne suffit pas de dire "Seigneur, Seigneur" pour entrer dans le royaume de Dieu, mais de faire la volonté de mon Père » (Mt 7,21). Voilà ce qui ouvre la porte : passer la tenue de service.
Alors plutôt que de rester dans la crainte d’une porte fermée, veillons activement dès maintenant : les chantiers ne manquent pas !
Et laissons résonner les paroles de foi du psalmiste : « Tu me scrutes Seigneur et tu sais… tous mes chemins te sont familiers. » (138)
Oui Seigneur, tu me connais ! Tu éclaires ma vie et lui donne sens jusqu’à la fin des temps. Tu fais ta part. Donne-moi de faire la mienne !