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Dimanche 8 octobre 2023 – 27e dimanche du temps ordinaire – Is 5, 11-7 ; Mt 21, 33-43

Une vigne, plantée par un homme qui y construit un pressoir et une tour, et l’entoure d’une clôture, tel est le cadre de paraboles proposées par Isaïe et par Jésus.

Dans le récit d’Isaïe, cette vigne, plantée sur un coteau fertile, produit des fruits infects au lieu du raisin espéré. Alors l’homme la considère comme bonne à piétiner et à brûler : il la met en friche, ne l’entretient plus, et l’assèche. La plantation d’une nouvelle vigne devient possible.

Dans celui de Jésus, cette vigne est affermée à des agriculteurs[1]. Le moment venu, le maître de la vigne envoie – par deux fois – des serviteurs pour percevoir son fermage : les agriculteurs les molestent, ou les tuent. Le maître leur envoie alors son fils : les agriculteurs le tuent, pensant ainsi devenir héritiers. Jésus demande ce que fera le maître dans une telle situation : les chefs des prêtres et les anciens du peuple déclarent qu’il les fera misérablement périr et affermera la vigne à d’autres agriculteurs qui, eux, respecteront le contrat.

Isaïe et Jésus concluent leurs paraboles en indiquant qu’elles concernent la relation entre chaque personne – qu’elle soit ou pas de la maison d’Israël – et Adonaï : « le vignoble de Adonaï Sebaot, c’est la maison d’Israël, l’homme de Ieouda, le plant de sa délectation. Il espérait un jugement, et voici la pelade, la justification, et voici la vocifération.[2] » (Is 5, 7) ; « […] la royauté[3] de Dieu vous sera enlevée et sera donnée à une nation produisant ses[4] fruits » (Mt 21, 43), assertion à contextualiser, en pensant aux fortes controverses dans lesquelles ce texte est rédigé.

Ainsi, moi, lecteur, je suis invité à produire les fruits de la « royauté de Dieu » en travaillant la vigne. Sans chercher, tels les agriculteurs de la parabole, à en retenir les fruits et à en devenir maître, car agir ainsi c’est répondre à l’invitation mortifère du serpent (Gn 3, 5). La vigne : métaphore de la Loi qui porte du fruit lorsqu’elle est travaillée avec constance, méditée, assimilée et toujours interprétée. Le fruit : ce que « produit » (actions, pensées, etc.) le « travailleur des Écritures » qui garde ces enseignements comme « boussole ».

« […] une nation produisant les fruits de la royauté de Dieu. » Jésus parle au présent : une spiritualité qui se limiterait à renvoyer dans l’au-delà tout ce dont nous parlent les écritures ne répondrait pas à l’injonction du faire posée au septième jour (Gn 2, 3), et serait humainement désertée. Moi, lecteur, je suis invité à faire concrètement advenir les fruits de la royauté de Dieu, en utilisant savoir et intelligence pour travailler les Écritures et l’enseignement de Jésus. Démarche dont l’enjeu est à la fois « ici et maintenant » et eschatologique : pratiquer le droit et la justice, accueillir avec respect et bienveillance, au plus intime, l’autre et ce qui me dépasse, choisir la vie (Dt 30, 19-20). Libérer le souffle de Vie insufflé par Adonaï dans les narines d’Adam (Gn 2, 7), c’est être, à ma mesure, participant de la royauté de Dieu.

 

[1] Le mot grec habituellement traduit ici par vigneron désigne « celui qui travaille la terre ». Le grec dispose d’un autre mot pour désigner spécifiquement un viticulteur.

[2] Traduction Chouraqui.

[3] Le mot grec a pour sens premier « royauté ».

[4] Le grec est sans ambiguïté : il s’agit de ceux de la royauté de Dieu.

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