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Dimanche 2 juin 2024 – Fête du Saint Sacrement – Mc 14, 12-16.22-26

Ce dimanche célèbre l’instauration de l’Eucharistie par Jésus avant sa Passion, comme son ultime testament et l’affirmation de sa présence ultérieure. L’historicité de l’évènement ne fait guère de doute : sa première mention se trouve dans la Première Épître aux Corinthiens, le plus ancien texte du Nouveau Testament en 50. Le récit est repris par les trois évangiles synoptiques et celui de Jean le mentionne également

Selon le Catéchisme, la célébration eucharistique est « le sommet à la fois de l'action par laquelle, dans le Christ, Dieu sanctifie le monde, et du culte que les hommes rendent au Christ, et par lui, au Père ». En vertu de son ordination, le prêtre réalise la transsubstantiation du pain et du vin, qui deviennent le corps et le sang du Christ ; le pain et le vin changent de substance tout en conservant leurs caractéristiques physiques ou « espèces ».

Cette interprétation est partagée par les Églises orthodoxes. Les luthériens ont gardé l’essentiel de la liturgie catholique mais parlent de consubstantiation : à la substance du pain et du vin consacrés coexiste la substance du corps du Christ et de son sang, en une sorte de double substance. L'Eucharistie est pour eux un acte de louange et non pas un sacrifice. Les réformés avec Calvin affirment l’union réelle et substantielle du croyant avec le Christ lors de la Cène : il est véritablement présent, mais de manière spirituelle et non pas matérielle. 

On est quelque peu embarrassé de rappeler ces postures dissidentes qui rendent en principe l’intercommunion impossible, même si en pratique dans les régions où protestants et catholiques cohabitent, voire sont mariés, l’intercommunion est couramment pratiquée. Symbole d’unité le repas eucharistique s’inscrit dans la plus ancienne réalité : le passage à l’humanité de nos plus lointains ancêtres se décèle dans un foyer autour duquel subsistent les reliefs d’un repas pris en commun. La convivialité l’emporte sur le fait de se repaître. Jésus lui-même organisa ce repas selon la tradition du judaïsme.

L’interprétation sacrificielle de la messe fait de moins en moins recette, comparée à la signification de réunion d’une communauté de chrétiens. Dès lors les querelles verbales autour de la signification de l’Eucharistie méritent d’être dépassionnées : comment a-t-on pu se disputer, voire se faire la guerre, pour la différence entre transsubstantiation et consubstantiation ? Pourquoi rechigner à l’intercommunion sinon pour affirmer et perpétuer des différences fondées sur des doctrines abstraites alors que tous les chrétiens partagent une même foi et sont engagés dans une même action ? Dès lors qu’aucun prêtre n’est disponible, les paroissiens sont-ils forcément réduits à une liturgie réduite à la parole ?

En ce dimanche de célébration de l’institution de l’Eucharistie, on ne peut que prier pour qu’elle devienne un signe d’unité et non de discorde, une réalité œcuménique.

Crédit photo
arodsje de Pixabay
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