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Es-tu celui qui doit venir ?

François DUSSON . 10 décembre 2022

Dimanche 11 décembre 2022 – 3e dimanche de l’Avent – Mt 11, 2-11

« Es-tu celui qui doit venir ? » : voilà une belle question d’identité posée par Jean le Baptiste du fond de sa prison à Jésus par disciples interposés.

Le rôle de ces disciples de Jean pourrait nous paraître tout tracé : ils transportent une question de Jean et en retour transporteront la réponse de Jésus. Ils auront « LA » réponse après avoir eu « LA » question. Or dans le texte, il y a nulle trace d’un direct « oui, je suis celui qui doit venir » de la part de Jésus. Pourtant, comme Noël approche, c’est si simple pour moi de me dire que Jésus est bien « celui qui doit venir ». Je peux alors supposer et me dire que la réponse de Jésus à Jean le Baptiste par les disciples de Jean revient de fait à « oui, je suis celui que tu sais ». Tout est alors sous contrôle, la vérité de « qui est qui » est sous mes yeux. Je sais « LA » réponse et je peux la transporter.

Suis-je donc, comme lecteur, un transporteur de question-réponse, ou le texte pourrait-il me convier à une autre expérience ? à d’autres expériences ?

Jésus répond : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez :  […] les boiteux marchent […], les aveugles retrouvent la vue […], les sourds entendent […], les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle […] .» Les disciples de Jean ne semblent pas considérés par Jésus comme les transporteurs d’une réponse venue d’un autre, ils sont impliqués dans un processus d’annonce à partir de ce qu’ils voient et entendent, comme expériences de reconfiguration d’identités.

Ceux dont l’identité est d’être « boiteux » marchent, et ne correspondent plus à cette étiquette. Est-ce je vois cela ? Est-ce j’expérimente cela ? Ceux dont l’identité est d’être « sourds » entendent, et ne correspondent plus à cette étiquette. Ceux qui, je le savais, n’entendaient pas, en fait entendent. Est-ce je vois cela ? Est-ce j’expérimente cela ?

Ce texte m’invite alors à m’exercer à sortir des « je sais qui tu es » et à imaginer des façons de coopérer (dans la vie politique, la vie associative par exemple) dans lesquelles le « es-tu celui que je crois que tu es ? » ouvrirait à la fois à un travail de déconstruction des préjugés et à une créativité collective face à des problèmes jugés difficiles.

Par exemple, si aujourd’hui je pose l’expression « je sais que tu es un migrant », quelle déconstruction de préjugés me permettrait, nous permettrait d’être annonceurs de Bonne Nouvelle ? Lecteur, lectrice, imaginons une suite : « Allez annoncer à d’autres ce que vous entendez et voyez : les migrants… »

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