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Dimanche 9 juin 2024 – 10e dimanche du temps ordinaire – Gn 3, 9-15 ; Mc 3, 20-35

Le mal n’aura pas le dernier mot

Dans la Genèse le serpent, allégorie du mal, est extérieur à l’humain. L’humain créé à l’image et à la ressemblance de Dieu n’est pas originellement du côté du mal. Mais le mal surgit dans la création divine, au travers d’une parole tierce qui tord, travestit et jette le doute sur la parole divine. Et l’être humain créé libre peut se tromper face à une situation inédite (un serpent qui parle !) ou être séduit ou trompé par de « belles » promesses.  

Le mal nous perd, nous rend craintifs, confus, et nous détourne de Dieu. Pourtant Dieu ne nous rejette pas. Il ne reproche pas leur égarement à Adam et Ève, il les questionne de manière très rationnelle. Se pourrait-il que Dieu soit lui-même surpris du surgissement du mal au cœur de sa création ? 

Face au mal Dieu voit clair et agit : le mal sera vaincu, le serpent aura la tête meurtrie, et l’humanité sera sauvée malgré l’épreuve, Ève aura le talon meurtri. Notre vie n’est pas vouée au néant, malgré la souffrance, malgré la mort ; elle est promise pour l’éternité avec Dieu. Dieu nous assure la victoire sur le mal. Et lui-même vient en Jésus pour terrasser définitivement le mal. Il le fait avec un pouvoir bien particulier, le pouvoir de l’amour fidèle, charitable, fraternel, qui supporte tout, fait confiance en tout, espère tout, endure tout.

La foi, c’est-à-dire la confiance, en Dieu sauve. 

Nous pouvons fauter, tomber, être séduits par le mal, tout cela nous sera pardonné pour peu que nous ayons à cœur de réparer nos torts autant que possible. En revanche Jésus nous met en garde sévèrement de confondre Dieu avec Satan. Ainsi avons-nous besoin de connaître Dieu pour lui faire confiance et nous engager librement à faire sa volonté sans crainte de nous tromper ou d’être trompés. Connaître Dieu s’avère donc nécessaire ; et Jésus enseigne, instruit ses apôtres, les foules. Toutefois « ce n'est pas d'en savoir beaucoup qui rassasie et satisfait l'âme, mais de sentir et de goûter les choses intérieurement » nous rappellera Ignace de Loyola. D’ailleurs, les scribes pourtant « experts » de la Loi semblent s’être égarés. Ils ont confondu Jésus et Satan. Ils avaient pour mission d’éclairer les autres. Or se croyant supérieurs, et se sentant menacés par les paroles et mises en garde de Jésus, ils ont mobilisé leur « expertise » pour Le rejeter. 

Les savoirs permettent de nourrir notre intelligence des situations, du monde, de la création, mais ils s’avèrent insuffisants pour (re)connaître Dieu en personne, comme nous connaissons nos amis, les membres de notre famille. C’est plutôt le chemin vécu ensemble qui tisse les amitiés, les liens fraternels : joies et épreuves partagées, paroles vraies et silences échangés, œuvres et actions communes, pardons reçus qui nous mènent à la confiance réciproque. 

En venant habiter parmi nous, Jésus nous révèle que Dieu est une personne qui aspire à la communion avec chacun. Comme un ami, il veut pour nous la vie en abondance et la joie parfaite. Pour Le connaître il s’agit de cheminer avec Lui, librement, en confiance, assurés que Sa volonté s’accorde à notre désir profond. Alors vraiment nous pourrons être un frère, une sœur, une mère pour Jésus.

Crédit photo
www.flickr.com - kristobalite
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