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Dimanche 9 octobre 2022 – 28e dimanche du temps ordinaire – 2 R 5, 14-17 ; Lc 17, 11-19

Deux récits de guérison de lépreux : celle de Naaman, général en chef de l’armée du roi de Syrie, par Élisée, et celle de dix lépreux par Jésus. Deux récits proches et différents, qu’il est intéressant de lire ensemble.

Dans les deux cas, ce sont les malades qui prennent l’initiative ; ils demandent guérison, chacun selon sa situation, ses attentes et sa perception de celui à qui il s’adresse : Naaman, puissant général, vient avec ses chevaux et son char ; il se tient à l’ouverture de la maison d’Élisée, attend qu’il sorte et fasse un prodige ; les dix lépreux, exclus de la vie sociale, se tiennent à distance, ils demandent à Jésus d’avoir pitié d’eux, sans le reconnaître comme kurios[1], maître qui a autorité.

En réponse, ils reçoivent une invitation à poser une action simple – se baigner sept fois dans le Jourdain, ou à aller se montrer aux prêtres  – qui demande qu’ils aient confiance à la parole qui leur est adressée, voire transmise par un messager à Naaman, et cela sans geste spectaculaire ni invocation solennelle à Adonaï. Celui qui manifeste sa confiance par ses actes est purifié.

La réaction de Naaman nous rappelle que faire ainsi confiance est une vraie démarche spirituelle.

Naaman revient alors vers Élisée avec tout son camp. Il reconnaît devant lui « qu’il n’est d’Élohim sur toute la terre qu’en Israël », et lui demande de prendre une bénédiction, un cadeau[2]. Élisée refuse fermement. C’est Adonaï qui a purifié Naaman, et accepter l’offre de Naaman serait prendre la place d’Adonaï. Naaman comprend, et demande symboliquement à Élisée de lui faire don d’un peu de terre car il « ne fera plus de montées ni de sacrifice à d’autres Élohim qu’à Adonaï seul ». Rappelons ici qu’Adonaï est celui qui prend soin.

Lorsqu’il s’aperçoit qu’il est guéri, un des dix lépreux revient vers Jésus. Il rend gloire à Dieu à voix forte et tombe face contre terre aux pieds de Jésus, lui rendant grâce. « T’étant levé, va ; ta foi t’a sauvé. ». Jésus constate que le lépreux est debout et qu’ainsi il est sauvé, et non pas seulement purifié, guéri d’une maladie de peau avec tout ce que cela comporte de métaphores. Une transformation spirituelle par la foi – confiance dans la parole de Jésus et reconnaissance de l’action divine dans sa guérison – qu’il a manifestée. Mais sans foi, ou au moins sans puissant désir de changement, se serait-il mis en route ? Jésus l’invite à aller, à se mettre en marche sur les chemins de la vie qui s’ouvrent devant lui.

La pédagogie d’Élisée, la démarche du lépreux et les constatations exprimées par Jésus montrent l’importance essentielle de la reconnaissance, par celui qui est purifié, que cette guérison est l’œuvre d’Adonaï ; et alors cela est manifesté par des paroles, des montées…

Ta foi t’a sauvé… Naaman et le lépreux ne sont-ils pas figures de ce à quoi nous sommes appelés : désirer être libéré des lèpres dont nous sommes affectés, aller demander de l’aide, agir en acceptant de faire confiance et de lâcher prise – sans pour autant se mettre en danger, et reconnaître en paroles et en actes la Vie qui nous est donnée.

 

 

[1] Ils le reconnaissent comme epistates, c’est-à-dire un maître qui est le chef, qui préside.

[2] Le mot hébreu a pour premier sens « bénédiction » ; il a également pour sens « cadeau ».

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