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Dimanche 22 mai 2022 – 6e dimanche de Pâques – Jn 14, 23-29

Avant la fête de la Pâques. Jésus sait que l’heure est venue pour lui de passer vers le Père. Dernière soirée qu’il partage avec ceux qui lui sont particulièrement attachés. Ultime enseignement destiné à préparer ses disciples à son absence (v. 25-26), d’abord en leur lavant les pieds (Jn 13, 1-15), puis en dialoguant avec eux, après que Judas est sorti pour le livrer (Jn 13, 30).

Jésus donne d’abord à ses disciples un précepte nouveau, « afin que vous vous aimiez[1] les uns les autres comme je vous ai aimés, afin que aussi vous vous aimiez les uns les autres[2] » (Jn 13, 34). Il les invite ainsi à avoir des relations sociales dont le lavement mutuel des pieds est métaphore, ni humiliation ni domination mais confiance réciproque et absolu respect de l’autre, et il leur indique le chemin pour y parvenir : son enseignement.

Jésus invite ensuite ses disciples à entrer dans ce qu’il est, à naître à de nouvelles dimensions de l’humain (Jn 14, 5-31).

« Si quelqu’un m’aime, il pratiquera l’observance de ma parole, et mon Père l’aimera, et vers lui nous irons et nous ferons demeure chez lui. Celui qui ne m’aime pas ne pratique pas l’observance de mes paroles. » (v. 23-24) Le message est double. D’une part, vie spirituelle et vie sociale sont indissociables : être disciple de Jésus implique de fonder sa vie sociale sur la pratique de son enseignement. Et d’autre part, le divin n’est pas extérieur à l’homme : haleine de Vie insufflée par Adonaï Élohim dans les narines de l’Adam (Gn 2, 7), il se révèle mystérieusement au plus intime de chacun chaque fois que, tel le Samaritain (Lc 10, 25-37), il parvient à aimer au-delà de ses limites, à refuser les barrières qui empêchent de vivre des relations dont le lavement des pieds est métaphore.

« Je vous laisse la paix, ma paix je vous donne. Et je ne la donne pas à la façon du monde. Que votre cœur ne soit pas troublé ni ne soit effrayé. » (v. 27) La paix dont nous parle ici Jésus, ce n’est sûrement pas celle que recherche celui qui veut être tranquille. C’est celle qui l’habite à ce moment où il a choisi d’affronter la conséquence ultime de ses actes et de son enseignement. Celle qui lui permet de traverser un terrible combat intérieur à Gethsémani (p. ex. Mc 14, 32-42). Celle qui lui permet de ne pas fuir et de dire « je suis » (Jn 18, 6) à ceux qui viennent l’arrêter, choisissant d’assumer ce qu’il est, son identité divine, sa relation avec le Père.

Cette paix nous concerne, me concerne, aussi, ici et maintenant : c’est elle qui donne sérénité et force intérieure qui permettent de laisser s’épanouir la Vie qui est au plus intime de chacun de nous, et dans les moments difficiles d’affronter la réalité que l’on a à endurer et d’y faire face en restant debout. Accueillir cette paix n’est jamais acquis. C’est au contraire l’enjeu d’un combat intérieur tout au long de la vie. Combat difficile, mené avec l’aide du Paraclet (v. 26) qui nous aide à discerner ce qui témoigne de la cette paix.


Michel Menvielle

[1] agapé en grec : mot toujours utilisé par Jean dans ces versets, qui désigne l’amour que Jésus porte à son Père et à ses disciples.

[2] Traduction au plus près du grec : la conjonction grecque ina, introduisant une proposition marquant le but, est utilisée deux fois dans ce verset.

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Crédit photo : sérénité et paix © Mohammad Mahdi @ Pixabay - Domaine public
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