Dimanche 31 août 2025 – 22e dimanche du temps ordinaire – Lc 14, 1.7-14
La publicité pour une chaîne de fast-food invite largement : « venez comme vous êtes ! » L'invitation au repas de la modernité serait-elle un message d'hospitalité au sens que lui donne l'évangile dans ce chapitre de Luc ?
Luc connaît bien les sociétés grecque et juive. Il parle en connaissance de cause de ces repas, lieux et moments fondamentaux de reconnaissance sociale. Jésus observe les attitudes des invités : il y a celui qui croit savoir quelle est sa place, une des premières, et qui s’y installe, se l’approprie, sans avoir demandé quoi que ce soit à qui que ce soit, encore moins au maître de maison. Attention ! ce maître pourrait arriver accompagné d’un autre invité, et déloger celui qui était si sûr de son rang. Quelle honte ! Un autre invité, au contraire, reste au fond : certainement pas dans un esprit de sacrifice ni dans une attente faussement modeste. Mais simplement parce qu’il croit qu’en tant qu’invité, il ne lui appartient pas de se placer tout seul : la parole d’un autre est pour lui un préalable nécessaire pour se situer avec justesse et respect. Et tant mieux si c’est le maître de maison en personne qui vient à sa rencontre en lui adressant une parole d'affection inconditionnelle, qui ouvre à un déplacement vers plus haut.
Il y a donc un choix possible : celui du premier convive, qui croit maîtriser la situation, au risque de l’humiliation ; ou celui du deuxième convive, dicté par l’humilité et la confiance, qui mène à la bonne nouvelle de la relation d'amitié qui relève et élève !
La deuxième partie du texte évoque un autre choix : celui du maître de maison. Là encore, Jésus présente deux attitudes possibles. Il y a celle du monde, où les relations sont réglées par le système de don et contre-don. Ce système est rétréci, normé, stérile. Et puis il y a ce que préconise Jésus : inviter les pauvres, les estropiés, etc. Invitation ouverte, illimitée, d’où tout calcul est exclu. Et rien de moins qu’une béatitude pour clore son conseil : « Heureux seras-tu ! » Cette béatitude nous fait entrer dans le royaume de Dieu, où nous sommes tous invités par pure grâce.
Le maître a vu nos insuffisances et nos fragilités : il vient nous chercher ! Saurons-nous répondre librement à son invitation, en nous reconnaissant comme nous sommes réellement, c’est-à dire pauvres et estropiés, pour goûter le bonheur du partage de son festin avec tous les autres, nos sœurs et frères en humanité ? L'accueil du don gratuit et débordant de générosité, débarrassé de toute logique de rétribution, nous fera vivre et grandir.
Nous sommes tous attendus, venons comme nous sommes ! Les promoteurs de la restauration rapide seraient-ils porteurs d'une voix prophétique qui nous appelle à la résurrection dès maintenant ?