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Lors de son voyage en Slovaquie en septembre 2021, dans la cathédrale de Bratislava, un mois avant l’ouverture du synode pour une Église synodale, le pape François appelait les catholiques d’Europe à ne pas « se retrancher dans un catholicisme défensif », mais à faire preuve de « liberté », de « dialogue »et de « créativité ». Extrait de cet appel

Deuxième mot : la créativité. Vous êtes les fils d’une grande tradition. Votre expérience religieuse trouve sa source dans la prédication et le ministère des figures lumineuses des saints Cyrille et Méthode. [Le premier mot était la liberté, le troisième : le dialogue].

Ceux-ci nous enseignent que l’évangélisation n’est jamais une simple répétition du passé. La joie de l’Évangile c’est toujours le Christ, mais les voies qui permettent à cette bonne nouvelle de se frayer un chemin dans le temps et dans l’histoire sont diverses. Les voies sont toutes différentes. Cyrille et Méthode ont parcouru ensemble cette partie du continent européen et, brûlants de passion pour l’annonce de l’Évangile, ils sont arrivés à inventer un nouvel alphabet pour traduire la Bible, les textes liturgiques et la doctrine chrétienne. C’est ainsi qu’ils sont devenus des apôtres de l’inculturation de la foi auprès de vous. Ils furent des inventeurs de nouveaux langages pour transmettre la foi, ils ont été créatifs dans la traduction du message chrétien, ils ont été si proches de l’histoire des peuples qu’ils rencontraient qu’ils ont parlé leur langue et assimilé leur culture. La Slovaquie n’a-t-elle pas encore besoin de cela aujourd’hui ? Je me le demande.

N’est-ce pas là la tâche la plus urgente de l’Église auprès des peuples de l’Europe : trouver de nouveaux “alphabets” pour dire la foi ? Nous avons en arrière-plan une riche tradition chrétienne, mais, pour la vie de nombreuses personnes aujourd’hui, elle reste dans le souvenir d’un passé qui ne parle plus et qui n’oriente plus les choix de l’existence. 

Face à la perte du sens de Dieu et de la joie de la foi, il ne sert à rien de se lamenter, de se retrancher dans un catholicisme défensif, de juger et d’accuser le monde de mauvais, non, la créativité de l’Évangile est nécessaire. Faisons attention ! L’Évangile n’a pas encore été fermé, il est ouvert ! Il est en vigueur, il est en vigueur, il va de l’avant. Rappelons-nous ce que firent ces hommes qui voulaient porter un paralytique devant Jésus et qui ne réussissaient pas à passer par la porte d’entrée. Ils ouvrirent une brèche sur le toit et le descendirent d’en haut (cf. Mc 2, 1-5). Ils furent créatifs ! Face à la difficulté – “Mais comment faisons-nous ? Ah, faisons cela” –, devant, peut-être, une génération qui ne croit pas, qui a perdu le sens de la foi, ou qui a réduit la foi à une habitude ou à une culture plus ou moins acceptable, ouvrons un trou et soyons créatifs ! Liberté, créativité...Qu’il est beau de savoir trouver des voies, des façons et des langages nouveaux pour annoncer l’Évangile ! Et nous pouvons aider avec la créativité humaine, même chacun de nous a cette possibilité, mais le grand créateur est l’Esprit Saint ! C’est Lui qui nous pousse à être créatifs ! Si, par notre prédication et par notre pastorale, nous ne parvenons plus à entrer par la voie ordinaire, cherchons à ouvrir des espaces différents, expérimentons d’autres voies.

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