Dimanche 5 janvier 2025 – Épiphanie du Seigneur – Mt 2, 1-12
Nous sommes trop habitués à l’histoire des Mages. Cependant, aujourd’hui, nous n’avons guère le temps de nous arrêter pour contempler lentement les étoiles. Ce n’est sans doute pas seulement une question de temps. Nous appartenons à une époque où il est plus facile de voir l’obscurité de la nuit que les points lumineux qui brillent au milieu de n’importe quelle obscurité.
Néanmoins, il est toujours émouvant de penser à l’écrivain chrétien qui, en composant l’histoire des mages, les a imaginés en pleine nuit, suivant la petite lumière d’une étoile. L’histoire respire la conviction profonde des premiers croyants après la résurrection. En Jésus se sont accomplies les paroles du prophète Isaïe : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Ils habitaient un pays d’ombres, et une lumière a brillé devant leurs yeux. » (Is 9,1)
Il serait naïf de penser que nous vivons une époque particulièrement sombre, tragique et angoissante. Cette obscurité, cette frustration et cette impuissance que nous observons en ce moment ne sont-elles pas précisément l’un des traits qui ont presque toujours accompagné le cheminement de l’être humain au cours des siècles?
Il suffit d’ouvrir les pages de l’histoire. Sans aucun doute, nous trouvons des moments de lumière où de grandes libérations sont annoncées, de nouveaux mondes sont entrevus, des horizons plus humains s’ouvrent. Mais que se passe-t-il ensuite ? Des révolutions qui créent de nouveaux esclavages, des réalisations qui créent de nouveaux problèmes, des idéaux qui se terminent par des « demi-solutions », des luttes nobles qui se terminent par des « pactes médiocres ». L’obscurité à nouveau.
Il n’est pas étonnant que l’on nous dise qu’« être un homme est souvent une expérience de frustration ». Mais ce n’est pas là toute la vérité. Malgré tous les échecs et toutes les frustrations, l’homme se ressaisit, espère à nouveau, repart en direction de quelque chose. Il y a quelque chose dans l’être humain qui l’appelle encore et toujours à la vie et à l’espoir. Il y a toujours une étoile qui se rallume.
Pour les croyants, cette étoile mène toujours à Jésus. Le chrétien ne croit pas à n’importe quel messianisme. Et c’est pourquoi il ne tombe pas non plus dans le désenchantement. Le monde n’est pas un « cas désespéré ». Il n’est pas dans l’obscurité totale. Le monde est orienté vers son salut. Dieu sera un jour la fin de l’exil et des ténèbres. La pleine lumière. Aujourd’hui, nous ne le voyons que dans une humble étoile qui nous guide vers Bethléem.