Dimanche 13 août 2023 – 19e dimanche du temps ordinaire – 1 R 19, 9a.11-13a ; Rm 9, 1-5 ; Mt 14, 22-33
Élie est désespéré allant jusqu’à souhaiter de mourir, parce que l’objet de l’alliance entre YHWH et son peuple semble avoir été oublié. C’est l’époque des rois en Israël et ceux -ci sont tentés de considérer à l’instar des pharaons qu’ils sont, avec leur descendance, les seuls interlocuteurs autorisés de YHWH. Élie perçoit qu’il s’agit là d’une dérive qui trahit les termes de l’alliance passée non par le seul Moïse mais par tout le peuple.
Alors il retourne à la source, à l’origine, sur le lieu même où YHWH s’exprima pour retrouver le sens de cette alliance qui constitue le peuple d’Israël et le fait exister (Ex 19, 3-8). Et YHWH lui rappelle que c’est son souffle, « cette brise légère », son souffle partagé qui est l’objet de cette alliance. La relation à Dieu se noue et se perpétue sans aucun intermédiaire royal ou sacerdotal sacralisé. Elle n’a que faire des attributs de la puissance et de la force. Le peuple n’était-il pas terrorisé, incapable de répondre lorsque la voix de YHWH retentissait « dans le tonnerre et les éclairs » (Ex 20, 18-21) ? Moïse choisi par le peuple pour parler à Dieu ne possédait aucun des attributs de la force et de la puissance. Bien au contraire la Torah met l’accent sur tout ce qui le différencie d’un roi tel qu’on se le représentait à l’époque : il est bègue, lépreux, s’exprime mal et n’est le fils de personne.
À l’Horeb c’est bien tout le peuple qui passe alliance avec YHWH et s’engage avec lui. C’est à chacun indépendamment de son statut social que YHWH s’adresse personnellement en édictant ses commandements : ceux-ci sont énoncés à la deuxième personne du singulier ; adressés à un « tu » et non à un « vous ». Chacun devient donc à égalité partie prenante de l’alliance. C’est aussi ce que voudra signifier l’apôtre Paul dans sa lettre aux Galates (3,28).
Rappel sans aucun doute opportun sur ce qui fonde réellement le pacte d’alliance au moment au Israël s’étant doté d’une institution royale comme les autres peuples tend à oublier la condition d’égalité de tous dans la relation à Dieu qui caractérisait l’alliance au Sinaï. Alliance de Moise fondée sur le souffle partagé entre tous ou alliance de David fondée sur la filiation et sur la semence ? Le cœur de l’alliance rappelle Élie, c’est le souffle et le souffle qui se partage à égalité entre tous.
C’est aussi ce que signifie la marche de Pierre sur les eaux : la seule condition pour ne pas sombrer dans l’abîme est la confiance, la foi en la permanence de l’alliance conclue au Sinaï et accomplie en Jésus, proposée à tous sans aucun préalable d’appartenance ethnique ou religieuse. « Va, ta foi t’a sauvé. » Ta confiance en la permanence cette alliance, ta foi seule aujourd’hui encore te sauve et te permet de ne pas être englouti.