Dimanche 27 novembre 2022 – 1er dimanche de l’Avent – Marc 24, 37-44
Les essais que l’on écrit sur l’époque actuelle insistent beaucoup sur les contradictions de la société contemporaine, sur la gravité de la crise socioculturelle et économique, et sur le caractère décadent de ces temps.
Bien sûr, ils parlent aussi de parcelles de bonté et de beauté, de gestes de noblesse et de générosité, mais tout cela semble être obscurci par la force du mal, la détérioration de la vie et l’injustice. En fin de compte, tout se réduit à des « prophéties de malheur ».
Un fait extrêmement porteur d’espoir est généralement oublié. Un sentiment d’indignation devant tant d’injustice, de dégradation et de souffrance grandit dans la conscience de nombreuses personnes. De nombreux hommes et femmes ne se résignent plus à accepter une société aussi inhumaine. Un « non » ferme à l’inhumanité jaillit de leur cœur.
Cette résistance au mal est commune aux chrétiens et aux agnostiques. Comme l’a dit le théologien néerlandais E. Schillebeeckx, on peut parler d’« un front commun des croyants et des non-croyants dans la société moderne pour un monde meilleur, plus humain ».
Cette réaction est sous-tendue par la recherche de quelque chose de différent, une parcelle d’espoir, une aspiration à quelque chose qui n’est pas satisfait dans cette société. C’est le sentiment que nous pourrions être plus humains, plus heureux et meilleurs dans une société plus juste, même si elle est toujours limitée et précaire.
Dans ce contexte, l’appel de Jésus : « Restez éveillés » prend une importance particulière. Ce sont des mots qui nous invitent à nous réveiller et à vivre avec plus de lucidité, sans nous laisser entraîner et façonner passivement par ce qui nous est imposé dans cette société.
C’est peut-être la première chose à faire. Pour réagir et maintenir en éveil notre résistance et notre rébellion. Oser être différent. Ne pas agir comme tout le monde. Ne pas s’identifier à tout ce que cette société a d’inhumain. Vivre en s’opposant à tant de médiocrité et d’absurdité. Déclencher une réaction.
Deux convictions doivent nous encourager. L’homme n’a pas perdu sa capacité d’être plus humain et d’organiser une société plus digne. Par ailleurs, l’Esprit de Dieu est toujours à l’œuvre dans l’histoire et dans le cœur de chaque personne.
Il est possible de changer le chemin erroné de cette société. Ce qu’il faut, c’est un nombre croissant de personnes lucides qui osent apporter la raison au milieu de tant de folie, le sens moral au milieu de tant de vide éthique, la chaleur humaine et la solidarité au milieu de tant de pragmatisme sans cœur.
José Antonio Pagola
Traducteur : Carlos Orduna