Chers amis,
Un rapport moral contient à la fois des éléments sur l’année achevée et des perspectives pour l’année qui vient. Celles qui concernent l’avenir ont été arrêtées avec le CA et le bureau et bien sûr elles n’excluent pas d’autres initiatives.
Depuis quelques années les catholiques doivent faire face à l’offensive d'un courant identitaire qui travaille efficacement à monopoliser le catholicisme à son profit. Or la majorité des catholiques, y compris au sein du collège épiscopal, ne se reconnaît pas dans ce courant. Leur responsabilité est de faire entendre leur voix. C'est cette urgence, ce combat, que la CCBF, en lien avec tous ceux qui partagent ce constat, doit maintenant mener. Affirmons ensemble, en transcendant nos sensibilités, légitimement diverses, que les baptisés, inscrits dans la dynamique des évangiles, ne peuvent imaginer vivre dans le fantasme d’une Église bloquée sur telle ou telle période de l’histoire.
« Ni partir ni se taire » suppose un esprit vigilant. Nul ne sert l’avenir avec les recettes du passé. Dans notre institution ecclésiale, de quelque bord que l’on soit, beaucoup croient inventer, alors qu’ils ne font que recycler une somme d’items obsolètes et non opératoires. Qu’il s’en rende compte ou pas, chacun butte sur une somme de conditionnements idéologiques, pastoraux et cléricaux.
Pourtant, les Écritures ont beaucoup à apprendre aux baptisés. Elles donnent corps au témoignage qu’ils ont à apporter ; mais s’en donnent-ils les moyens ? La quête de sens, qui nous fait vivre sur le mode de la question, est le passage obligé d’une foi qui ne se confond pas avec la croyance. Nous portons alors plus que nous-mêmes, où que nous soyons.
Dans ce contexte social et culturel en permanente et rapide évolution, la CCBF poursuit la démarche dynamique qui l’a fondée : faire entendre la voix des baptisés dans l'Église comme dans la société.
La CCBF s’est développée en trois grandes étapes :
Tout d’abord faire reconnaître la pleine légitimité des baptisés dans la vie de l'Église : rappeler clairement et fermement, notamment aux évêques, l’importance de leur rôle dans la vie de l'Église, quand la gouvernance devenait de plus en plus cléricalo-centrée au point de mettre sous le boisseau le sensus fidei. La CCBF a ainsi marqué sa différence avec le discours exclusif du magistère et aussi de différents mouvements, avec cette nouveauté : ne pas se taire.
Ensuite est venu le temps d’un dialogue constructif avec les évêques et la CEF dans le respect des rôles de chacun : ne pas partir. La DCBF est alors parvenue à revenir dans la cathosphère, par la production de travaux reconnus pour leur qualité et toujours avec quelques « coups » d’avance, parfois là où l’on ne l’attendait pas. Cela est devenu sa marque de fabrique, du moindre communiqué de presse aux travaux les plus exigeants.
S'ouvre maintenant une étape nouvelle avec, pour l’année entrante, de nombreux chantiers. Deux des premiers axes qui soutiennent des pratiques concrètes :
- le premier axe concerne la démarche synodale avec pour principe la participation de tous les baptisés, hommes et femmes, à la vie et aux responsabilités, dans l'Église, le tout au service des communautés croyantes. Cela doit devenir une norme claire. Et bien sûr, nos groupes locaux en sont une des expressions visibles au niveau diocésain ;
- notre second axe de développement : opérer des rapprochements avec des groupes capables de penser ensemble contre eux-mêmes, soucieux d’avancer et de transmettre autrement. Il sera nécessaire de poser une vraie structure, avec des personnes mandatées, toutes attentives à ne pas cornériser l’ensemble et donc capables de s’accorder sur quelques items et actions. Le premier indice de faisabilité sera le renoncement à la culture du happening permanent qui ne sert qu’à paralyser les uns et à faire émerger les plus idéologues, voire narcissiques. Seule la qualité des actions et des productions signera la pertinence de ces alliances, qu’elles soient ponctuelles ou durables. Ce sera aussi un des chantiers de l’année qui vient.
Et enfin, l’intérêt des médias non identitaires pour l’Église telle qu’elle se donne à voir est en perte de vitesse. Une petite équipe DCBF va travailler de manière à accroître notre visibilité médiatique par la pertinence des positions qu’elle soutiendra.
Vous avez remarqué qu’il y a eu, en 2024-2025, une réduction des activités jusque-là exponentielles. J’ai eu des problèmes de santé et le bureau a réduit la voilure. Il est donc urgent d’étoffer les équipes actuelles et d’en générer de nouvelles pour soutenir des actions efficaces.
Dans le paysage actuel, face au dynamisme des identitarismes de tous poils, la CCBF a grand besoin de militants, de personnes actives et mobilisées. Pouvoir faire mais ne pas faire c’est perpétrer les modes de fonctionnements contre lesquels nous nous érigeons ; c’est, en Église, toujours servir le cléricalisme et, dans la société, servir ceux qui affaiblissent activement la démocratie. N’oublions pas que dans le livre de la Genèse, le faire, l’action concrète est le dire ; ils ne font qu’un et servent la vie, quand ensemble, nous travaillons à la discerner.
L’action révèle qui on est ; rien ne se fait sur le mode incantatoire et seulement discursif.
Votre aide et vos dons sont indispensables, si bien sûr l’avenir de la CCBF vous importe.
Notre souci éthique, notre souci de l’avenir posent que nous soyons attentifs au renouvellement de nos instances.
Quand le catholicisme devient une religion parmi d’autres, ceux que nous élirons au cours de cette Assemblée générale ordinaire auront à veiller à ce que l’évangile soit accessible au plus grand nombre dans une Église qui reste ce qu’elle doit être : un lieu de vie ouvert.
Bonne route à la CCBF - DCBF, à toutes et à tous.
Paule Zellitch, présidente
Vidéos des interventions