Dimanche 29 juin 2025 – Saints Pierre et Paul, Apôtres – Mt 16, 13-20
La renommée de Jésus s’étend. Des foules nombreuses le suivent ; Matthieu nous dit qu’elles sont frappées par son enseignement (7, 28) Elles s’étonnent des guérisons dont elles sont témoins, et elles glorifient le Dieu d’Israël (15, 30-31). Mais d’autres lui demandent un signe qui vienne du ciel (16, 1).
Jésus demande alors à ses disciples : « Au dire des hommes, qui est le fils de l’homme ? » (v.13) Ceux-ci répondent Jean Baptiste ou un des prophètes (v.14), un parmi ceux qui nous invitent à vivre dans l’alliance proposée par Adonaï. Ensuite Jésus leur demande : « Mais vous, qui dites-vous que je suis ? » Prenant la parole, Simon dit : « Toi, tu es le christ[1], le fils du Dieu vivant. » (v.15-16) Et Jésus constate par cette affirmation que Simon est ainsi devenu solide comme une pierre, comme un rocher sur lequel Jésus bâtira l’assemblée de ses disciples (v.18).
Ce récit est fondateur pour Simon-Pierre et pour la communauté des premiers chrétiens. Mais c’est également à chacun de nous, lecteurs ici et maintenant, que s’adressent les questions posées par Jésus aux disciples qui faisaient alors route avec lui.
Qui est le fils de l’homme ? En hébreu, l’expression « fils de… » indique l’appartenance à un groupe : ainsi, dans la Torah, le peuple hébreu est appelé « les fils d’Israël » (par ex. Ex 2, 25). Le fils de l’homme, le fils de l’humain au plus près du grec, désigne donc en premier lieu un homme, habité par le souffle de Vie qu’Adonaï-Élohim souffla dans les narines de l’Adam (Gn 2, 7). Les évangélistes ne placent « fils de l’homme » que sur les lèvres de Jésus. Ainsi, pour moi, lorsque « fils de l’homme » est utilisé dans le contexte de la vie publique de Jésus (par ex. Mt 8, 20 ; 9, 6 ; 11, 19 ; 12, 8, 40), cela exprime l’accomplissement de son humanité.
Et toi, qui dis-tu que je suis ? Parmi les disciples, seul Simon prend la parole. Jésus l’appelle alors Simon Barjona, Simon fils de Jona en araméen (v.17) : signe que la réponse de chacun à cette question est située dans sa propre filiation et sa propre culture. Et Jésus ajoute : « ni la chair, ni le sang ne te l’ont révélé, mais mon Père qui est aux cieux. » (v.17) Ni la chair, ni le sang… La réponse formulée par Simon n’est pas de l’ordre de ce peut révéler la seule filiation par la chair et le sang. Mais mon Père… Avant ce dialogue, il n’y a dans le récit de Matthieu aucune indication explicite sur la façon dont cette révélation a été faite à Simon ; c’est six jours plus tard que Simon, Jacques et Jean, que Jésus avait pris à part avec lui, sur une haute montagne, ont entendu la voix venue de la nuée lors du récit de la transfiguration (17, 1-6). C’est donc son compagnonnage avec Jésus qui a ouvert Simon à cette révélation.
Chacun de nous, lecteur aujourd’hui, est ainsi invité, comme le fut Simon, à utiliser savoir et intelligence pour travailler et méditer la Torah et l’enseignement de Jésus. Chemin de conversion ou, en développant les sens du mot grec, de regard critique sur notre vie spirituelle et sociale, orientées vers la justice et la royauté d’Adonaï et – nous dit Ézéchiel (18, 26-28) – libérer alors en nous le souffle de Vie qui nous habite au plus intime de nous-même. La parole de Jésus à Simon résonne comme une promesse. Sur ce chemin, chacun est pour l’autre un rocher sur lequel il peut s’appuyer pour laisser s’épanouir la Vie, et, dans les moments difficiles, affronter la réalité qu’il doit endurer et y faire face en restant debout.
[1] Dans les Septante, le mot grec utilisé ici désigne celui qui a reçu l’onction sainte (par ex. Ps. 104, 1 ; Is. 45, 1,)