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Dimanche 30 janvier 2022 – 4e semaine du Temps – Jr 1,1.4-5.17-19 ; Luc 4, 21-30

Si nous avions été dans l’assistance, ce jour-là, à la synagogue, quels propos de Jésus nous auraient fait réagir ? L’épisode relaté aujourd’hui dans l’Évangile de Luc débute quelques versets plus haut (Lc 4,1 et suivants).

Tout commence dans une ambiance douce, d’accueil bienveillant : l’enfant du pays, Jésus, revient à Nazareth où il a grandi, tout auréolé d’une réputation naissante de prédicateur. La journée s’annonce bien, on est heureux de se retrouver entre soi, dans le temple, avec la communauté villageoise. On s’assoit, Jésus se lève, on lui tend le rouleau des Écritures et il fait la lecture de ce passage d’Isaïe : « L'Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m'a consacré par l'onction. Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu'ils sont libres, et aux aveugles qu'ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. »

Alors que toute l’assistance n’a d’yeux et d’oreilles que pour lui, dans un silence respectueux, Jésus déclare : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. » La réaction de l’assistance, telle qu’elle nous est rapportée, semble être admirative, avec une touche d’étonnement, comme si elle n’avait pas capté la portée des Paroles de Jésus se déclarant le messager de Dieu, qui sait, le Messie même. Peut-être espère-t-on secrètement qu’il va accomplir ces choses extraordinaires pour les siens, ceux de son village, sa communauté d’origine.

Jésus sent qu’il y a un malentendu, et avec une rudesse certaine, il met les points sur les « i ». Non seulement il énonce que les prophètes ne sont pas bien accueillis dans leur pays, mais pour être bien compris, il donne deux exemples « bien frappés », pris dans la vie des prophètes Élie et Élisée. Ceux-ci ont été envoyés vers l’étranger. La mission de Jésus est universelle, et ne concerne pas seulement les Nazaréens.

Cette fois, c’est le branle-bas dans l’assistance de la synagogue, les gens sont en colère, furieux, violents : ils poussent Jésus hors de la ville, prêts à le précipiter dans le vide de la falaise surplombant la ville. Quel ingrat, ce Jésus !

Mais où est l’amour, celui qui ne passera pas ? C’est aujourd’hui, dans nos communautés humaines, que cette Parole nous invite fermement à rechercher la vérité et à résister à la tentation de l’entre-soi, si confortable soit-il !

Soyons vigilants ! On voit surgir des initiatives excluantes, comme celle de créer des villages « chrétiens » sous l’égide d’une société immobilière. Avec l’approche des élections présidentielles en France, le programme de certains candidats comporte des mesures de fermeture et d’exclusion.

La démarche synodale lancée par le pape incite chaque baptisé à inclure, marcher avec, écouter et entendre les autres, l’autre… C’est là que le Tout Autre nous attend aujourd’hui.


Christine Tasset

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